PPF Modernités européennes Axe 2

Projet scientifique

Dans le prolongement des réflexions sur le mal ou sur la question des valeurs de l'art aujourd'hui, nous souhaitons interroger un pan important de la littérature moderne européenne, autour de la notion de nihilisme - que l'on ne cherchera pas à unifier artificiellement. Ceux que Nancy Huston appelle dans un essai récent « professeurs de désespoir » ou « néantistes » (Beckett, Cioran, Bernhard, Blanchot, Jelinek etc) manifestent sans doute un refus des valeurs communes, une attirance pour la table rase. Mais faut-il réduire à cette pure négativité le programme esthétique de ces auteurs ? Il faut faire l'histoire (philosophique, culturelle et littéraire) de cet attrait vers le Rien, des figures de la destruction qui y sont mobilisées, des incarnations du « dernier homme » qui y sont proposées, afin de différencier des moments, des courants selon les pays. Mouvement européen, sous l'égide de Schopenhauer, le nihilisme littéraire strico sensu n'existe pas mais il permet de désigner une fascination (dans les avant gardes) pour la violence politique, pour l'idée de révolution qui croise pourtant un regard désabusé sur un siècle de guerre et d'exterminations. De ses racines philosophiques jusqu'à ses formes les plus contemporaines, ce programme s'attachera, par un séminaire de deux ans, des journées d'étude et un colloque international, à décrire les formes de cette négativité paradoxale puisqu'elle a contribué à transformer notre idée de la littérature, comme à dire ses limites (conscientes ou inconscientes). Ce programme se fera en étroite collaboration avec le Subfaculty of French de l'Université d'Oxford (autour des professeurs Sheringham, Mc Guiness et Holland) et avec le département d'études française de l'Université Jagellone de Cracovie (autour du professeur Rapak).

Programme d'activités

- Un séminaire pluriannuel sur « Nihilisme et littérature aux XIXe et XXe siècles » aura lieu de 2008 à 2010. Il sera organisé selon le même principe que le séminaire sur les « Puissances du mal ».
- Un colloque international intitulé « Léon Bloy, littérature et désespoir (Autour du Désespéré ) » sera organisé en mai 2007 à Périgueux, ville natale de l'écrivain, en partenariat avec la Bibliothèque Municipale. Le dernier colloque consacré à Bloy remonte en effet à 1991. Il a paru opportun, une quinzaine d'années après cette manifestation, de faire à nouveau le point sur les études bloyennes qui ont connu un important renouveau au cours de cette période. Cf. les thèses de Lydie Parisse (Rupture et perte dans l'œuvre de Léon Bloy : le modèle mystique, Minard, à paraître en 2006), Gaëlle Guyot (Latin et latinité dans l'œuvre de Léon Bloy, Champion, 2003) et Gilles Negrello (Léon Bloy critique, Champion, 2005).
- Dans le prolongement de ce colloque, le PPF, qui est attentif à enraciner ses recherches dans le tissu culturel local, se propose d'exploiter le Fonds Bloy de la Bibliothèque Municipale de Périgueux. Ce Fonds, qui comporte déjà plusieurs manuscrits, sera en effet prochainement enrichi par un dépôt des héritiers de Bloy comprenant, en particulier, le manuscrit du Journal intime partiellement inédit. Son exploitation se situe dans le prolongement de travaux déjà engagés (cf. l'édition critique procurée par Pierre Glaudes des Funérailles du Naturalisme [Les Belles Lettres, 2001] à partir du manuscrit inédit acquis par la BM). Elle pourrait prendre la forme de recherches, conduites par des doctorants dans le cadre de leur thèse, sur Bloy et son époque.