Projets en cours

PROJETS DE RECHERCHE DANS LE CADRE DU LABEX SMS

1. DCART (2023-2025)

Ce projet vise à diffuser les données et connaissances qui ont été produites dans le cadre du projet de recherche ERC MAP, à destination d'un public non spécialiste. Il mobilise les possibilités du web pour diffuser des contenus attractifs (Atlas numérique des noms divins en Méditerranée).

Une série d'ateliers de formations est également proposée pour encourager à la mise en place de ce type de projets.

2. S'enforester (2021-2025)

est un projet Arts-Sciences de recherche-action (2021-2025) portant sur l’urgence écologique et l’exploration de futurs possibles. Il conjugue des ateliers de travail interdisciplinaires (SHS/sciences du système Terre) autour de l’objet forêt avec des performances artistiques. Des scientifiques, associés à la compagnie du GdRA, cherchent à questionner les imaginaires, susciter des expériences sensibles en forêt, et trouver des formats propices au dialogue entre chercheur.se.s, artistes, étudiant.e.s et citoyen.ne.s.

Le projet est né de la volonté de spécialistes en SHS et en Sciences du système Terre de contribuer à la réflexion sur l’urgence climatique et écologique, et de travailler à l’élaboration collective de solutions possibles pour y faire face. Le projet repose sur le pari que, parmi les leviers possibles, figure la transformation des imaginaires sociaux. Les scientifiques doivent pour cela sortir de leur laboratoire, de leur terrain ou de leurs archives, pour élaborer, avec des artistes, des modes de diffusion originaux des connaissances.

Un projet art-sciences et une collaboration inédite : Atecopol/GdRA

Depuis 2021, des membres de l’Atecopol (Atelier d’écologie politique, collectif de chercheur.se.s de plusieurs universités et écoles toulousaines, devenu plate-forme d’expertises de la MSHS-T) travaillent avec la compagnie du GdRA (, compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture) sur un projet d’Art-Science, qui débouchera sur un spectacle proposé en 2024-2025 sur la scène culturelle toulousaine. Les enjeux actuels autour de l’exploitation forestière, abordés par plusieurs séances du Sémécol (Séminaire de l’Atelier d’écologie politique), ont conduit les membres du projet à centrer leur initiative autour de la forêt, en articulant l’échelle locale (forêts d’Occitanie) et l’échelle globale (Asie, Inde, Amériques), mais aussi en jouant sur la dimension temporelle, depuis l’Antiquité jusqu’au temps présent. L’intégration dans ce collectif d’un écologue, spécialiste des écosystèmes forestiers, appartenant à l’INRAE, mais aussi d’une géochimiste et d’un hydrologue (de l’UMR GET, CNRS – IRD - UT3 - CNES), permet de créer les conditions d’un véritable dialogue interdisciplinaire. Un astrophysicien apporte en outre un autre regard sur le lien entre l’infiniment petit et l’infiniment grand et permet de réintégrer la question des forêts dans celle, plus large, du vivant et de la zone critique.

Les enjeux liés à la protection, l’exploitation, la transformation, la destruction des forêts, et plus largement au changement des paysages sylvestres, sont au cœur des réflexions qui animent le collectif « S’enforester » : ils doivent être abordées de façon transversale, en mobilisant des expertises scientifiques différentes et complémentaires. Le projet insiste surtout sur l’intérêt d’une perspective à la fois historique, philosophique, esthétique et anthropologique. Il s’agit d’analyser sur le temps long la façon dont les forêts ont été anthropisées depuis des millénaires (à l’instar de la forêt amazonienne, à rebours du mythe encore aujourd’hui prégnant de la « forêt vierge »), ont été le support de discours, de pratiques, d’émotions, tout en réfléchissant aux modalités actuelles de l’exploitation forestière, dans un contexte de réchauffement climatique et d’effondrement de la biodiversité.

L’objectif du projet est donc triple : diffuser des connaissances scientifiques, contribuer à une réflexion citoyenne sur l’avenir des forêts (en France et dans le monde), ouvrir les imaginaires sur d’autres rapports au vivant, en explorant « par-delà nature et culture » (P. Descola). Ce faisant, il s’agit de mettre en synergie les différents projets de recherche des scientifiques du collectif, qui ont chacun leur singularité et leurs terrains propres, afin de produire une restitution originale des connaissances acquises, susceptible de parler à des publics divers, qu’ils soient déjà sensibilisés à la question ou non. Par les sciences comme par les arts, il s’agit d’œuvrer collectivement et sur une perspective de moyen terme à structurer à l’échelle locale/régionale un réseau d’acteurs engagés dans la réflexion et dans l’action autour de l’urgence écologique, à partir de ce point d’ancrage à la fois singulier et universel qu’est la forêt.

Projet scientifique et élaboration de formats artistiques

Le projet associe un volet scientifique, avec des séances de travail sur des objets de recherche précis, et des explorations artistiques de médiation du savoir auprès d’un public plus large que la seule communauté scientifique. Les ateliers de travail qui se sont d’ores et déjà déroulés en 2021 et 2022 ont permis aux différents membres de se connaître et d’apprendre à dialoguer, à échanger sur des thèmes communs à partir d’approches et de logiques disciplinaires très différentes. Ces rencontres s’organisent en divers lieux de la région et sous des formats divers (Campus du Mirail, INSPE Crois-de-Pierre, Théâtre Garonne, Le Parvis à Tarbes, sortie en forêts de Haute-Garonne et d’Ariège…). Elles se poursuivront en 2023-2025, grâce à l’appui du Labex.

Une proposition artistique, « Bois sacré », a d’ores et déjà résulté des échanges. Il s’agit d’une balade « conférencée » et dansée, avec des textes portant sur les forêts, à travers le temps et l’espace, et qui s’adapte au lieu arboré qui accueille le spectacle. La déambulation, accompagnée de musique et d’acrobaties, invite à naviguer entre les mythes antiques et les archives espagnoles témoignant de la déforestation des Philippines à l’époque moderne, entre l’évocation de l’étonnante « forêt blanche » du nord-est brésilien et l’univers de L’Arbre monde, roman de Richard Powers, des lianes d’une forêt indienne à la prospection d’or qui pollue les rivières et forêts de Guyane.

Plusieurs performances ont eu lieu :

  • Le 19 juin 2022,dans le bois de Saint-Lizier (Ariège), dans le cadre des Nuits des forêts.
  • Le 15 avril 2023, avec le soutien de la Commission culture de l’UT2J et le CIAM, dans le cadre d’une des « virées culturelles en Région Occitanie ». Elle a eu lieu dans la Zone Atelier « Pyrénées-Garonne » (Pygar), dans le canton d’Aurignac (Haute-Garonne) : une zone boisée labélisée par l’Institut Écologie et Environnement (InEE) du CNRS, où des écologues étudient les dynamiques spatiale et temporelle des systèmes socio-écologiques (SSE).

Télécharger le programme de cette manifestation

  • Le 14 ou le 15 juin 2023, en partenariat avec l’INSPE, dans le cadre des Nuits des forêts (3e édition : https://nuitsdesforets.com/evenement-2023/senforester-a-toulouse/). « Bois sacré » a été représenté dans le parc arboré du site Croix de Pierre, avenue de Muret : il s’agit d’une véritable « forêt urbaine » dotée d’arbres centenaires et remarquables.

Sur le versant SHS, le collectif comprend trois historiens dont les terrains de recherche se déploient de l’Antiquité à la période contemporaine, et de l’espace européen aux terres d’Amérique : Guillaume Gaudin, qui travaille notamment sur l’exploitation du bois dans la colonisation hispanique des Philippines au XVIIe siècle, Adeline Grand-Clément dont les recherches portent sur les sensibilités des Grecs anciens, leurs rituels et leur rapport à l’environnement, et Sébastien Rozeaux dont les travaux les plus récents s’ancrent dans la « forêt blanche » (caatinga) au Brésil (Nordeste XIXe-XXe siècles). Signalons des collaborations possibles avec d’autres laboratoires, en particulier GEODE et son programme ANR Bendys. photo 2

Le collectif inclut aussi des spécialistes de littérature des États-Unis dont les recherches s’inscrivent à la fois dans l’approche écocritique des textes développée outre-Atlantique, et la pensée esthétique française contemporaine qui, pour reprendre la formulation de Jacques Rancière, envisage la manière dont le sensible est « partagé » différemment d’un être à l’autre, qu’il soit humain, végétal, animal ou minéral. Marie Bouchet analyse la façon dont la littérature et les arts proposent un rapport aux forêts autre qu’utilitaire ou désenchanté, et Claire Cazajous-Augé explore la manière dont l'écriture de fiction, aux XXe et XXIe siècles, peut jouer un rôle dans la protection des espèces et des espaces non humains. En outre, deux personnes sont venues récemment compléter l’équipe : une philosophe, Aline Wiame, spécialiste d’esthétique dont les travaux portent sur la construction de savoirs entre philosophie et arts, dans le sillage de Bruno Latour ; une sociologue et géographe, Hélène Guetat, dont les recherches s’inscrivent dans la problématique du genre et des pratiques agro-écologiques, avec des terrains en France, au Brésil, en Afrique, en Inde.

Le collectif comprend enfin des spécialistes des sciences de la matière et du vivant. Frédéric Boone, astronome, s’intéresse aux partis pris métaphysiques qui sous-tendent la science cosmologique et à l’ouverture des sciences modernes vers le sensible et l’altérité subjective. Marc Deconchat, écologue des paysages, travaille sur les interactions écologiques (biodiversité) et socio-techniques entre les forêts et l’agriculture dans les paysages ruraux tempérés. Les recherches de Laure Laffont, spécialiste de géochimie de l’environnement, consistent à suivre les métaux lourds, toxiques, dans les différents compartiments environnementaux (air, eau, sol, non-humains, humains) en contexte minier ou industriel. L’hydrologue Sylvain Kuppel travaille sur les chemins de l’eau dans une forêt protégée de la province du Karnataka (Inde), depuis la forte saisonnalité des pluies (qui change ces dernières années) jusqu'aux prélèvements racinaires profonds d’eau. Enfin, Lou Achard, agronome de formation, a rejoint le collectif, en l’enrichissant de son approche poétique, par le travail d’enquête qu’elle a mené autour de la forêt de Grésigne.

- En 2023, un séjour recherche-création sur le site de Brassacou (Ariège)

- En 2024, deux journées d’études à la croisée des recherches menées par les membres du projet

- A l’horizon 2025 : élaboration d’une forme artistique originale, située entre l’exposition, l’installation, la conférence et la performance. A l’appui de textes écrits par les scientifiques et les artistes, avec des enquêtes menées sur des terrains forestiers ayant produit des matériaux filmés et enregistrés, une installations vidéo et sonore sera conçue pouvant accueillir un public élargi – scolaires, amateurs éclairés, profanes, spécialistes, tous âges – au Quai des Savoirs ou/et au Muséum et en relation avec le Théâtre Sorano et le CIAM à Toulouse, sur un temps d’ouverture long. Performances, conférences, textes joués, musique, écoutes intimes de témoignages, visionnages : les médias se combineront en une composition originale pour partager des expériences de forêts.

Contact : Adeline Grand-Clément (adeline.grand-clement@univ-tlse2.fr)

Liens utiles : GdRA

Atecopol : https://atecopol.hypotheses.org/
https://legdra.fr/fr

3. Ars Teknè : Savoir-faire artistiques de l'Antiquité à nos jours. Approche diachronique, des sciences historiques aux sciences des matériaux (2021-2025)

Le projet Ars TeKnè propose d’analyser les savoir-faire artistiques de productions spécifiques, réalisées entre l’Antiquité et aujourd’hui. Il part de l’examen des savoirs construits par les disciplines historiques conjugués aux connaissances issues des sciences des matériaux. Il vise à comprendre les compétences acquises, utilisées et transmises par les artistes, artisans et ouvriers, ainsi que leurs intentions, leurs gestes, les techniques mises en œuvre et leurs processus.

Quatre axes de recherches ordonnent le projet :
  • La mesure de la richesse du langage sur les « savoir-faire » et les « matériaux » en partant de l’examen des terminologies et nomenclatures diverses
  • La documentation précise des savoir-faire artistiques, en particulier les usages de la terre et des pigments
  • L'étude des « lieux communs » disciplinaires et a priori des matériaux et savoir-faire
  • La discussion de l’apport des sciences des matériaux aux disciplines historiques, la mise en œuvre de la pluridisciplinarité et les protocoles existants.