Axe 4 Erasme

Les correspondances scientifiques et la formation des sciences de l'Antiquité

Responsables : Corinne BONNET, Véronique KRINGS, Catherine VALENTI

PRÉSENTATION :

Dans le sillage des recherches menées au cours des années 2003-2006, on propose ici d'approfondir l'apport des archives savantes, personnelles et institutionnelles, correspondances, carnets de voyage, photographies, rapports d'activité, etc., à la connaissance des réseaux intellectuels et à la formation des sciences de l'Antiquité, aux XIXe et XXe siècle. Cette période représente en effet un moment crucial où se constituent des savoirs spécialisés, tant au niveau des enseignements académiques que des pratiques éditoriales. Des méthodes spécifiques se mettent alors en place, avec leurs outils et leur appareil conceptuel tandis que, parallèlement, l'émulation scientifique s'affine au gré des poussées nationalistes.


Les divers enjeux de cet axe peuvent être envisagés en ces termes :
  • au niveau épistémologique, il s'agira de comprendre comment les pratiques savantes se sont progressivement rendues autonomes, se sont taillées des territoires propres, se sont structurées les unes par rapport aux autres, tout en maintenant des zones de dialogue et de confrontation entre disciplines ; on sera sensible à ce que l'irruption de l'informatique a impliqué au niveau des pratiques intellectuelles et de la communication scientifique.
  • au niveau historiographique, il importera de mettre en perspective, par rapport aux connaissances et aux méthodes progressivement acquises depuis la Renaissance, les avancées, les éléments de continuité autant que de rupture, autour de grandes thématiques historiques, comme la question des rapports entre le monde classique et l'Orient, ou encore l'articulation entre le paganisme polythétiste et le christianisme monothéiste. On sera particulièrement attentif au va-et-vient entre le présent des savants et le passé qu'ils étudient, va-et-vient fécond et problématique à la fois, nécessaire mouvement analogique qui guide la lecture du passé et en démultiplie les interprétations. Ainsi, aux XIXe et XXe siècle, faudra-t-il évaluer le jeu de miroir entre l'Antiquité et les colonialismes, nationalismes ou totalitarismes en quête de valeurs identitaires et de légitimation.
  • au niveau sociologique, on étudiera l'évolution des formes de sociabilité savante que reflètent les archives, donc les codes opérant au niveau du langage et du comportement d'une groupe social plus ou moins homogène, comme l'est celui des chercheurs et des académiques.

Les Sciences de l'Antiquité, tout en plongeant leurs racines dans la (re)découverte du patrimoine culturel des Anciens, s'affirment comme discipline autonome dans le courant du XIXe siècle. C'est l'ère de l'industrialisation, du capitalisme conquérant, de la foi dans le progrès et dans une modernité nouvelle qui, très vite, semble cependant menacer le socle culturel classique (gréco-romain), qui constituait la base de tout le système éducatif européen. Dans les faits, cette véritable révolution va surtout inciter les tenants des Sciences de l'Antiquité à se spécialiser, à se doter d'outils de travail performants, à se moderniser en même temps que la société.


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