Axe 2 Erasme

Ce thème comprend deux directions de recherche consacrées à l'étude de l'Antiquité de l'Afrique du Nord et à sa réception à l'époque coloniale et post-coloniale.

Le premier thème prend pour objet la conservation du patrimoine numismatique de l'Afrique antique dans la continuité d'un travail de synthèse publié en 2000 sur l'histoire monétaire de la région, des origines à l'époque du Haut-Empire romain. Ce travail établissait un catalogue des productions monétaires de Carthage, des royaumes numide et maurétanien, puis en reconstituait les différents contextes d'émission par l'analyse des données politiques, économiques, culturelles et religieuses fournies par les documents numismatiques. La synthèse et le catalogue général qui l'accompagne étaient largement conçus comme une transition entre un ensemble de travaux très datés (fin XIXe siècle) ou plus récents mais très partiels, et une vaste somme synthétique à venir, indispensable, mais qui ne peut être le résultat que d'un travail d'équipe.

Un tel ouvrage suppose le réexamen systématique des collections monétaires réunies et conservées depuis le début de l'époque coloniale dans les réserves des musées maghrébins dans des conditions qui témoignent largement de l'état de délaissement des études de numismatique africaine tout au long du XXe siècle. Il y a là tout un patrimoine à sauver de la dégradation par l'oxydation, les pertes et vols. Cela supppose la formation d'équipes de numismates maghrébins, le recensement des collections, leur protection par la constitution de médailliers sûrs, leur étude et leur mise en valeur.

Une réflexion collective sur l'écriture de l'histoire du Maghreb fait l'objet du second thème. Partant de la constatation que la dernière histoire globale de la région date de 1930, on revient sur les divers blocages qui ont empêché, malgré les considérables progrès des connaissances, la production de nouvelles synthèses générales. Il est évident que le contexte de passions violentes lié à la décolonisation joue ici un rôle capital, aboutissant à des lectures radicalement contradictoires du passé, mais les cloisonnements disciplinaires et épistémologiques (sociologues/historiens ; antiquisants/médiévistes) n'ont guère laissé de place au dialogue. D'où l'idée d'établir des habitudes de travail entre historiens spécialistes des diverses périodes de l'histoire du Maghreb, originaires tant d'Europe que du Maghreb, collaborant avec des sociologues, pour revenir sur certains des points de blocage les plus serrés.

Même si la diversité des approches et des sensibilités demeure, l'expérience montre que le travail en commun est désormais largement souhaité et possible. C'est pourquoi il a été prévu l'organisation d'une série de quatre colloques autour de l'historiographie berbère. Le premier d'entre eux, consacré aux questions de peuplement et d'identité, s'est tenu en 2004 à la Casa de Velazquez. Les trois autres seront consacrée successivement aux constructions étatiques berbères, aux structures socio-économiques et enfin aux aspects religieux. Ils se tiendront à Tunis, Rabat et Toulouse.