Séminaire doctoral transartistique et transdisciplinaire de l'Ecole Doctorale ALLPH@

Publié le 4 mars 2025 Mis à jour le 7 mars 2025
le 6 mars 2025
14h-18h
Salle 060 (rez-de-chaussée du bâtiment Erasme, au fond du CRL- Centre de Ressources en langues)
p
p

14-14h30.

Lydie Parisse (PLH, UT2J) et Tomasz Swoboda (Université de Gdansk). Introduction au séminaire et retour sur les récentes publications collectives en lien avec le séminaire.

 

Il sera question ici de situer brièvement cet objet de recherche transversal -l’épistémologie du processus créateur- tout en présentant les collaborations qu’il génère au sein de chercheur.e.s de diverses universités et de diverses disciplines, et les projets en cours qui se profilent et des récentes publications auxquels il a donné lieu. L’idée est de continuer à explorer la notion de voie négative étudiée lors du séminaire précédent en croisant approche artistique (et littéraire) et approche philosophique. De manière à ouvrir des hypothèses et champs qui nous invitent à une relecture des œuvres que nous connaissons, à des recoupements, à des mises en évidence de filiations, mais aussi qui nous invitent à creuser telle ou telle notion relevant de l’approche de la voie négative, avec des liens vers la mystique, ou plus largement, le spirituel. Et en s’interrogeant sur les débouchés en recherche création, tant dans la pédagogie théâtrale par exemple, que dans la pratique de l’écriture.

Lydie Parisse est Maîtresse de conférences habilitée à diriger les recherches en Littérature française et en Arts du spectacle à l’Université de Toulouse 2 Jean Jaurès, et également écrivaine et metteuse en scène, co-directrice de la compagnie Via negativa. Sa pratique artistique et sa recherche sont étroitement liées. Membre du réseau international de chercheurs Theorias, elle a publié aux Classiques Garnier six ouvrages critiques (dont 3 collectifs) sur les liens entre littérature et discours mystique, et sur le théâtre de Novarina, de Beckett, ainsi qu’une monographie sur Lagarce. Son dernier ouvrage, Les Voies négatives de l’écriture dans le théâtre moderne et contemporain, paru en 2019, a été suivi de deux co-directions d’ouvrages collectifs avec Tomasz Swoboda : Voie négative (Cahiers ERTA, 2023), et Processus créateurs et voie négatives (Classiques Garnier, 2024) suite au colloque international qui s’est tenu à Toulouse en 2022. Elle a récemment fondé le prix littéraire Prémices : un prix d’écriture dramatique destiné aux étudiants, dont 4 volumes sont parus ainsi que Ecrire pour le théâtre aujourd’hui (Domens 2025).

Tomasz Swoboda est essayiste, traducteur, et Professeur à l’Université de Gdansk. Ses travaux portent sur l’art et la littérature (Histoires de l’œil, 2013). Il a traduit en polonais, les œuvres de Baudelaire, Nerval, Proust, Barthes, Bataille, Caillois, Leiris, Ricœur, Didi-Huberman, Mouawad, Le Corbusier ainsi que la série BD Ariol.

14h30-15h30.

Tomasz Swoboda (Université de Gdansk).

Masque et transgression dans la revue Documents 1929-1930. Approche anthropologique.

Cette communication fera référence à l’anthropologie et à l’ethnologie, à la pratique éditoriale, à l’esthétique, et traitera de l’épistémologie du processus créateur en interrogeant l’usage du masque dans les sociétés non occidentales. La figure humaine pensée dans le cadre occidental se trouve remise en cause et le masque peut être considéré comme l’incarnation du concept de disparité qui régit la visée transgressive de la revue Documents. Nous ne sommes pas là dans le contexte de la voie négative. Néanmoins, la question du masque renvoie peut-être à la problématique de la défiguration.

 

15h30-16h30.

Lou-Andrea Depaule.

"Processus de création et voie négative au cinéma : entre transgression et incarnation, l'expérience spirituelle chez Pasolini, Dumont, Tarkovski"

 

Cette communication se propose d’étudier les processus de création et leur traitement formel chez Pasolini dans son film "Théorème", chez Bruno Dumont dans son film "Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc" et chez Tarkovski dans son film "Nostalghia" afin d’éclairer le lien entre transgression et incarnation. Nous tenterons de montrer que la voie négative, au service de cette tension, chez ces trois cinéastes, se manifeste à travers plusieurs motifs : celui du détour, celui de la répétition, celui de la traversée. Les références spirituelles et mystiques (de l’Exode à la Passion) conduisent les choix de mise en scène. Pasolini s’appuie sur « l’Exode » : « Dieu fit alors faire un détour au peuple par le chemin du désert ». Bruno Dumont transpose le souffle péguyste du « Mystère de la charité de Jeanne d’Arc ». Tarkovski fait traverser un bassin vide (bain thermal de Bagno Vignoni dédié à sainte Catherine de Sienne), au personnage de Gortchakov comme dernier rite salvateur. Nous mettrons en évidence que chaque mise en scène dans ces processus de création est au service d’une expérience spirituelle singulière.

Lou-Andrea Depaule est Docteure en Littérature et cinéma à l’université de Toulouse 2 (Laboratoire PLH) où elle a soutenu en 2023 une thèse intitulée « Grâce et matière : la figuration du rapport au divin dans la littérature et le cinéma : Simone Weil/ Roberto Rosellini, Georges Bernanos/ Robert Bresson-Maurice Pialat, Julien Green/Léonard Keigel, Léon Tolstoï/ Andrei Tarkovski, Charles Péguy/ Bruno Dumont, Peter Handke/Wim Wenders. 

16h30-17h.

Lydie Parisse.

« Ce que Bruno Dumont doit aux mystiques ».

 

Les textes des mystiques, Bruno Dumont, formé à la philosophie, les lit, s’y alimente, et ne cesse de le dire. Influencé par le Bergson des Deux sources de la morale et de la religion et par le Saint‑Paul du per speculum in aenigmate, mais aussi par Péguy, Bernanos, Claudel, par Dreyer, Méliès, Pasolini, Bresson, Rossellini et bien sûr Tarkovski, Dumont demande au cinéma de convoquer sur l’image, la plus naturaliste soit‑elle, dans la lignée des peintures de Giotto, de Le Sueur, de Rembrandt, le mystère de l’invisible tapi dans le visible. « Le réel ne m’intéresse pas, ce n’est pas lui qui doit être représenté, ce qu’il faut représenter c’est nous, c’est ce qu’on ressent du réel », expliquait Bruno Dumont sur France Culture dans une interview avec Marie Richeux. Le regard porté sur le réel renvoie, au cinéma comme au théâtre, à la question concrète de la mise en scène. Mais aussi à des manières d’appréhender le réel de façon non conventionnelle, inédite, et c’est cela que les mystiques, que lit Dumont, lui apportent : ils sont toujours là où on ne les attend pas. Ils sont le lieu d’un déconditionnement du regard, et en cela, ils ont quelque chose à apporter à l’artiste, ils ont à voir avec l’élan, le processus créateur, le mystère.

17h-18h.

Discussion.


Lien : https://allpha.univ-tlse2.fr/accueil/ecole-doctorale/presentation-scientifique/seminaires-transversaux-de-lecole-doctorale