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Soutenance de thèse de Vivien Matisson le 16 octobre 2020
Publié le 30 septembre 2020 – Mis à jour le 24 novembre 2021
Vivien Matisson soutiendra le 16 octobre prochain, à 14h, en salle D31 de la MDR, sa thèse de littérature française intitulée : "Une génération tardive. La monstruosité du langage dans les récits après 1945: Samuel Beckett, Maurice Blanchot, Albert Camus et Louis-René des Forêts", menée sous la codirection de Jean-Yves Laurichesse et Isabelle Serça
Composition du jury :
- M. Jean-Yves LAURICHESSE Université Toulouse II Jean Jaurès
- M. Dominique RABATÉ Université Paris VII-Diderot
- Mme Nathalie BARBERGER Université Lumière-Lyon-2
- Mme Isabelle SERÇA Université Toulouse-Jean Jaurès
- Mme Catherine RANNOUX Université de Poitiers
- M. Patrick MAROT Université Toulouse-Jean Jaurès
Résumé :
Notre étude porte sur l'imaginaire et la pratique de la langue dans les récits après la Seconde Guerre mondiale, à travers la notion de monstruosité. Cette notion interroge depuis toujours le rapport qu’entretiennent les hommes avec la nature comme puissance d’engendrement du vivant et comme principe régulateur et normatif.
Rapportée au langage, la monstruosité suggère, après le traumatisme de la guerre et du génocide des Juifs, une angoisse collective quant à la rationalisation des phénomènes « naturels » ou « culturels ». Le risque est que le signe, quel qu’il soit, devienne un fétiche, le prétexte à un spectacle où l’artifice règne sans bornes. Le signe-monstre, au lieu de désigner un référent du monde extérieur sans s’y substituer, prend corps dans le réel en n’indiquant plus que sa propre surface, sa propre image ; il devient un artefact, une construction artificielle autonome et inquiétante. Une génération d'écrivains (Samuel Beckett, Maurice Blanchot, Albert Camus, Louis-René des Forêts) conçoit ainsi son rapport au langage par rapport aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale.
Pouvoir, manipulation et propagande apparaissent comme des termes clés pour les écrivains après 1945 qui ne cessent de dramatiser la prise de parole, perçue comme une menace et une violence qu'il faut nécessairement déjouer. Les récits d’après-guerre ont pour trait commun de chercher à appréhender le fonctionnement rhétorique et formel des systèmes signifiants : leur forme même intègre une inquiétude qui les conduit à mimer le phénomène de contagion redouté ou à « épuiser » leur capacité à produire du sens. Cette sensibilité aux dérives idéologiques et à la logique des discours incite aussi ces auteurs à surmarquer les manques, les insuffisances de leurs récits, et les limites du langage qu’ils déploient.
Nous traçons la voie pour une redéfinition de l'écriture de fiction après la guerre, ni formaliste, ni engagée, au sens de Sartre, mais consciente des enjeux d'une époque où tout est à reconstruire. Afin d’apprivoiser la propension du langage à la «contre-nature», l’écrivain tardif adopte une posture d’équilibriste : conscient que son langage n’est pas épargné par la charge de violence qui traverse l’époque, il en éprouve les dangers et les limites, à l’intérieur de formes nouvelles et restreintes.