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Axe 4 : Agir : identités, sujet, société
« Agir : identités, sujet, société » s’intéresse aux relations entre productions culturelles, individu et société. À une époque où la création artistique voit sa capacité d’action sur le monde mise en doute, on s’interroge, dans une perspective interséculaire et interartistique, sur les pouvoirs de la littérature et du cinéma, à l’échelle sociale comme individuelle. Ce sont leurs capacités de validation ou d’émancipation des déterminations identitaires et sociales qui requièrent particulièrement notre attention.
On pose à titre d’hypothèse que les arts de la représentation ont ceci de singulier qu’ils se confrontent, en les figurant, à des phénomènes de normativité qu’ils sont susceptibles en retour de mettre en question. La littérature et le cinéma sont conditionnés et conditionnants. Soumis à des assignations et des contraintes sociales (coutumes, identités, lois sociales, systèmes moraux, valeurs, genre, lieu, culture, statut, génération, classe...) ne sont-ils pas capables de les infléchir ou de les légitimer en les représentant, la représentation n’étant jamais un simple reflet, ni une pure restitution ? Il s’agit donc de s’intéresser aux valeurs de la représentation, par exemple comme objectivation et interprétation du réel ou encore comme instrument d’identification ou de réinvention de soi. Cet axe de recherche porte donc un intérêt tout particulier aux notions de modélisation, de normativité, d’exemplarité, de métamorphose et de création. « Telles choses deviennent réelles qui n’existaient d’abord que dans l’imagination. » (Casanova)
a) La relation de la littérature aux normes
- « Le “grand laïc” : une réalité de la littérature médiévale ? » (Éléonore Andrieu) : plusieurs manifestations interrogeront les identités sociales qui produisent les premiers énoncés écrits de langues romanes, et qui en retour, sont produites par eux puisqu’il ne s’agit pas de préjuger de leur « auto conscience ». Une journée d’études organisée par Éléonore Andrieu, « Mises en voix, mises en ordres : une voix laïque au XIIe siècle ? » a eu lieu les 6 et 7 février 2020, à la maison de la Recherche avec des collègues historiens, philosophes, et littéraires. Les actes de la journée d’études ont été publiés dans la revue Médiévales, n°81, printemps 2022 (https://www.puv-editions.fr/nouveautes/voix-laiques-xie-xiii-siecle--9782379242021-0-725.html)
- « L’incivilité à travers les siècles » : cette série de journées d’étude proposée par Fabrice Chassot étudiera les figures, les émotions et les usages littéraires de l’incivilité dans la littérature française au cours des siècles, du Moyen Âge au 21e siècle. La première journée, sur "L'incivilité et ses récits, 17e-18e siècles" s’est tenue le 25 novembre 2019 (https://www.fabula.org/actualites/l-incivilite-et-ses-recits-xviie-xviiie-siecles_93306.php.) Les actes paraîtront en 2023 dans la revue Littératures classiques. Les 8 et 9 décembre 2022, Bénédicte Louvat (Paris-Sorbonne) et F. Chassot organisent une JE sur « théâtre et incivilités en Europe, 16e-18e siècle ». La journée est associée à un atelier théâtre (dir. M. Bouffard) sur les gestes de l’incivilité. Suivra, en octobre 2023, une JE sur l’incivilité dans le roman contemporain, organisée avec Sylvie Vignes.
- « Crime et métaphysique au 19e siècle : le sens de la violence » : ce colloque jeunes chercheurs porté par Lauren Bentolila-Fanon, Yoann Chaumeil, Charlène Huttenberger, Paul Garnault et Camille Trucart, interroge le crime – compris au sens large de violation – comme acte pensé à la lumière d’une morale du crime. Il s’est déroulé du 11 au 13 mai 2022 à l’université Toulouse Jean Jaurès et doit donner lieu à une publication.b) Littérature et identités
- « Le désir de métamorphose » : un dossier sous la codirection de Cristina Noacco et Corinne Bonnet avec 14 contributions, préface et introduction est accueilli par la revue "Littératures", n° 87 (automne 2022) : en s'appuyant sur un vaste corpus qui s’étend de l'Antiquité à nos jours et qui intéresse à la fois la littérature, la philosophie, la musique, la religion et le cinéma, les contributions qui composent ce dossier s’interrogent sur le désir de métamorphose qui « n’est jamais seulement lamentation quant à ce qui nous manquerait, mais création et production de possibles » (d’après la préface de Sophie Lécole Solnychkine et Aline Wiame).
Crédits photographiques : Io et Argus, cliché Jean-Luc Ramond.
- « Écritures de femmes occitanes (XIXe-XXe siècle) » (Jean-François Courouau et Cécile Noilhan) : deux séminaires de recherche ont été organisés autour de cette thématique qui correspond à un vide de la recherche en 2019-2020 et en 2020-2021. Le second séminaire a donné lieu à une publication dans la Revue des langues romanes en 2021. Une journée d’étude a été organisée les 24 et 25 mars 2022. Sa publication a été assurée dans la revue canadienne Voix plurielles en décembre 2022. Une autre journée d’étude devrait avoir lieu en 2024 sur les femmes engagées dans les mouvements renaissantistes occitans aux XIXe et XXe siècles. Un programme de recherche est en cours autour de l’œuvre de l’écrivaine Marcelle Drutel (1897-1985). Il associe des spécialistes des universités de Toulouse (Jean-Yves Casanova, Jean-François Courouau, Cécile Noilhan) et Aix-Marseille (Emmanuel Desiles, Estelle Ceccarini). L’objectif est de procurer une édition critique du recueil poétique Li desiranço (1933), chef d’œuvre de littérature érotique féminine, et Intermezzo (1963).
Marcelle Delpastre (1925-1998) est une auteure majeure de la littérature occitane du XXe siècle. Cette femme qui a passé sa vie dans une ferme du Limousin a composé une œuvre considérable en poésie occitane mais aussi en ethnographie. Une journée d’étude est prévue en 2024 en collaboration avec le laboratoire LIST et le GARAE (Carcassonne).
« L’écriture homo-érotique en occitan (XXe-XXIe siècle) » (Jean-François Courouau et Cécile Noilhan). Cette question n’a jamais fait l’objet de recherches à ce jour alors que la littérature occitane compte, comme d’autres littératures, des textes relevant – clairement ou de façon plus voilée – de l’homo-érotisme. Une journée d’étude est prévue en 2025 sur ces écritures doublement marginales.
Programme du séminaire 2019-2020
Programme du séminaire 2020-2021
Revue des langues romanes en 2021 : https://journals.openedition.org/rlr/
Programme de la JE du 24 et 25 mars 2022
Voix plurielles : https://www.erudit.org/en/journals/voixpl/
GARAE : http://www.garae.fr/
c) La relation à l'histoire
- « Le deuil de la résistance » (Julien Roumette) : il s’agit d’une proposition de relecture de l’histoire littéraire du roman d’après-guerre qui part de la mise en évidence d’une tension entre modèles romanesques et représentations historiques dans des propositions romanesques divergentes. Une journée d’études s’est déroulée le 20 janvier 2020 et a donné lieu à une publication dans la revue Littératures (n°82, 2020 : « Vivre avec le deuil de la Résistance. Relectures de l’après-guerre », Julien Roumette dir. : https://journals.openedition.org/litteratures/2674 )
- Les écrivains romantiques et l’histoire : une première série de manifestations a eu lieu autour de Balzac, Dumas et leur rapport à l’histoire. Si Balzac est largement reconnu en tant que précurseur de la sociologie, on relève une démarche similaire dans certains romans dumasiens qui s’ancrent dans la réalité historique contemporaine. Il s’est agi, à l’occasion de deux journées d’études (UT2J, 19 novembre 2021 ; université de Caen, 17-18 mars 2022, Julie Anselmini, Lauren Bentolila-Fanon, Marine Le Bail dir.), d’explorer les rapports ambigus qui unissent ces deux « titans » de la littérature au XIXe siècle et les « œuvres-mondes » qu’ils ont produites. Les actes de ces journées sont actuellement rassemblés en vue d’une publication.
Une autre journée d’études consacrée à Charles Nodier, qui s’est tenue le 8 janvier 2021, a donné lieu à la publication, sous la codirection de Paul Kompanietz et Marine Le Bail, d’un numéro des Cahiers d’Etudes Nodiéristes consacré à « Charles Nodier romancier : le Moi et l’Histoire (1800-1820) », qui vise à interroger l’intégration problématique de l’histoire dans la fiction chez un romancier hanté par le souvenir de la Révolution (https://classiques-garnier.com/cahiers-d-etudes-nodieristes-2022-n-11-charles-nodier-romancier-le-moi-et-l-histoire-1800-1820.html).
- Les collègues dix-neuviémistes des universités de Montpellier, Perpignan, Toulouse ont choisi comme thème de leur nouveau séminaire intersites : "Insistance du passé. Retours et rémanences". Il s'agit de s'intéresser à toutes les formes de persistance du passé dans la littérature, la langue, les arts au XIXe siècle, pour mesurer les effets négatifs d'un héritage souvent trop encombrant, mais aussi pour en repérer les apports positifs, dans la légitimité qu'il apporte, voire dans l'émancipation qu'il permet. Voir le carnet de recherche : https://sempasse19.
- « Cinéma italien : Histoire et Société(s) »
Une journée d’étude “Francesco Rosi” , organisée par Philippe Foro et Francesco Rosi se tiendra le 8 novembre 2022 à la Cinémathèque de Toulouse
Francesco Rosi aurait eu 100 ans en 2022. Cette journée d’étude propose de réfléchir au regard critique et politique de Rosi sur l’Italie de son temps, sans faire l’économie de ses propositions esthétiques et formelles, et de son attachement à la littérature italienne (Emilio Lussu, Carlo Levi). À ce titre, seront réunis pour cette journée d’étude des spécialistes d’histoire et d’esthétique du cinéma, de l’Italie contemporaine et de littérature italienne.
En 2024-2025, un colloque, organisé par Philippe Ragel proposera de dresser un bilan de ce lien si particulier que le cinéma italien entretient avec son histoire et les mutations sociétales de son pays depuis au moins la révolution néoréaliste.
d) Faire vivre le patrimoine hors les murs
Enfin, un projet portant sur les « enquêtes en milieu muséal », porté par Marie-Clémence Régnier et Marine Le Bail en partenariat avec le Louvre et les musées de la ville de Nancy, a donné lieu à une première journée d’études le 8 janvier 2022 et doit se prolonger à travers l’organisation d’un colloque en 2024. Il s’agit de réfléchir à la fécondité du modèle narratif de l’enquête dans sa relation à la production d’un savoir d’ordre historique ou artistique, dans une perspective interdisciplinaire de médiation culturelle.