AXE 7 ELH- «Esthétique et Herméneutique du film», (responsables : Philippe Ragel et Corinne Maury)

L’axe de recherche Esthétique & Herméneutique du film a pour ambition d’analyser les enjeux esthétiques, politiques et historiques que soulèvent les écritures cinématographiques d’auteurs classiques et contemporains.
 
Selon les termes du contrat qui se termine, l’axe de recherche Esthétique & Herméneutique du film proposait « d’analyser les enjeux esthétiques, politiques et historiques que soulèvent les écritures cinématographiques d’auteurs classiques ou contemporains ». En ce sens, trois grands thématiques avaient été retenues, non exclusives les unes des autres : « Cinéma et paysage », « Poétique du cinéma », « Le cinéma au risque de la littérature et de l’histoire ». Les deux premières nouaient un lien de complémentarité, privilégiant les approches à la fois esthétiques et géopoétiques. La troisième proposait de traiter des relations complexes et souvent tumultueuses entre cinéma, littérature et histoire (notamment celle des sociétés), là dans un esprit de dialogue transdisciplinaire avec les collègues, notamment littéraires, du laboratoire, voire d’autres laboratoires.
 
Partant du constat qu’« au cinéma comme dans toutes les productions signifiantes, il n’est pas de contenu qui soit indépendant de la forme dans laquelle il est exprimé » (Jacques Aumont – Michel Marie), on a considéré le film comme un acte de création relevant d’abord d’une construction stylistique. Ce souci de ne jamais occulter la portée esthétique du cinéma derrière sa dimension historique, sociopolitique ou philosophique, aussi essentielle soit-elle, est omniprésent dans l'ensemble des manifestations scientifiques organisées ou co-organisées par les trois enseignants-chercheurs (1 PR et 2 MCF) spécialistes de cinéma de l'équipe ELH.
 

Cinéma & Paysage

Avec, entre autres, Abbas Kiarostami, Nuri Bilge Ceylan, Alexandre Sokourov, Béla  Tarr ou encore Jia Zhang-ke, on considère ici différentes esthétiques cinématographiques qui font du paysage non pas une toile de fond muette sur laquelle se déroule une narration, mais le terrain d’une expérience sensorielle qui ouvre le film aux modalités de la présence. Une journée d'études codirigée par Corinne Maury et Nicole Brenez (LIRA, Paris III) et intitulée "Raymonde Carasco et Régis Hébraud à l'Oeuvre" s'est ainsi tenue à l'EHESS de Paris pour interroger la notion de "Paysage-matière", et a donné lieu à une publication aux Presses Universitaires de Provence en 2016. Une séance du séminaire "Passeurs", assurée par Philippe Ragel, fut également l'occasion de réfléchir au lien entre "patrimoine rural et création" dans la trilogie paysanne de Raymond Depardon (8 avril 2016).

Poétique du cinéma

Chez nombre de cinéastes, l’expérience du réel, indéterminé, instable, devient la source d’une perpétuelle inspiration sensible aux ajustements permanents. Ils ne filment pas seulement le monde, ils l’habitent, le considèrent comme un chantier de création. La manière dont le film construit alors son récit diffère des techniques consacrées d’écriture dramatique. Cet axe a donné lieu à un certain nombre de manifestations conçues dans un esprit proprement disciplinaire et désireuses de mettre en avant la spécificité du médium filmique, notamment autour de l'essai filmé, avec ses situations fragiles, ballantes, suspensives, dilatoires, travaillées par des modulations de nature poétique. Corinne Maury a ainsi organisé une journée d'études intitulée "Béla Tarr, de la colère au tourment" (6 Février 2014, La Fabrique culturelle, UT2J), qui a eu pour objectif d’interroger les dimensions esthétiques, politiques et techniques des films de Béla Tarr. Le colloque international "Dans le vif de l'analyse du film. Du regard à l'écriture : les gestes de l'analyse", qui s'est tenu du 12 au 15 octobre 2016 à Paris & Amiens, co-organisé par Fabienne Costa (Grenoble), Térésa Faucon (Paris 3), Barbara Le Maître (Paris 10), Jessie Martin (Lille), Corinne Maury (Toulouse) et Natacha Thiéry (Amiens), a quant à lui favorisé un questionnement réflexif sur la manière dont l'analyse filmique, loin de se cantonner à la description, est susceptible de refonder la relation esthétique établie avec le spectateur. Enfin, en collaboration avec des spécialistes américanistes de cinéma, la journée d'études "Frederick Wiseman : ordre et résistance" (co-organisée par Vincent Souladié et Zachary Baqué, La Cinémathèque de Toulouse, 19 mai 2017) a porté sur l'expression critique et esthétique de la tension à l'oeuvre chez ce cinéaste.

Le cinéma au risque de la littérature et de l’Histoire

Ce troisième axe, dans une perspective résolument interdisciplinaire, se proposait de traiter des relations complexes et souvent tumultueuses que le cinéma entretient avec la littérature et l’Histoire, sans réduire la réflexion à la seule question de l'adaptation, mais en interrogeant également ce que le cinéma fait à la littérature. L’occasion était ici donnée de mutualiser des savoirs et des démarches épistémologiques propres aux chercheurs des trois disciplines qui traversent les grandes orientations du laboratoire PLH. Ainsi, Philippe Ragel et Vincent Souladié ont organisé dans la continuité du colloque « Frontières et limites de la littérature fantastique » (Patrick Marot, UT2J, 2015) une journée d'études sur "L'ellipse et l'excès, une poétique de la matière et du récit dans le cinéma fantastique" en collaboration avec La Cinémathèque de Toulouse (18 nov. 2015, MDR UT2J). Dans le même esprit collaboratif, Philippe Ragel a organisé dans le cadre du séminaire de laboratoire "Passeurs" (dirigé par Jean-Yves Laurichesse) une séance à La Cinémathèque de Toulouse intitulée "Cinéma, adaptation, restauration : autour des Misérables, d'Henri Fescourt (1925)", à l'occasion de la diffusion restaurée de ce chef-d'oeuvre du cinéma muet dans un haut lieu de la vie culturelle toulousaine (Théâtre de la Cité). Très récemment enfin, un colloque international co-organisé par Philippe Ragel et Sylvie Vignes a consacré les échanges entre cinéma et littérature autour de la question poétique et narrative de la stase : "Stase d’écrit, stase d’écran : poétique du suspens narratif" (UT2J et La Cinémathèque de Toulouse, 18-20 octobre 2018).
Ces collaborations interdisciplinaires se poursuivent avec la tenue prochaine de deux manifestations à la Cinémathèque de Toulouse : "Les motifs poesques au cinéma, citations, circulations" (Vincent Souladié, 18 oct. 2019), et un colloque international, "Le portrait peint au cinéma" (Philippe Ragel et Fabienne Bercegol, 21-23 oct. 2020).