Axe 3- ELH : Littérature occitane, Littératures des « Midis » (responsable : Jean-François Courouau)

Une fois organisée en tant que telle, la littérature occitane s’est trouvée confrontée à la question de la constitution d’une norme à la fois en termes linguistiques et littéraires. La naissance du Félibrige au milieu du XIXe siècle et la diffusion des idées « occitanistes » après la Seconde Guerre mondiale ont fait l’objet de travaux mais on ne s’est guère attaché à mettre en perspective ces deux moments fondateurs.

Un séminaire, organisé par Jean-François Courouau qui s’est déroulé tout au long de l’année 2016 (publication prévue pour 2020 dans la revue de sociolinguistique Lengas) a permis de dégager des parallèles novateurs sur une question qui apparaît loin d’être épuisée, tant du côté des acteurs puisque les deux courants culturels, Félibrige et occitanisme, poursuivent leurs activités que de celui de la recherche. L’occitanisme du XXe siècle a fait l’objet d’un questionnement portant sur un des concepts-clefs de son idéologie politique, le « colonialisme intérieur » (Journée d’étude 8 avril 2015, co-organisée par Gilles Couffignal, en coordination avec les laboratoires CLLE-ERSS et ERRAPHIS) tout comme la figure de l’écrivain Yves Rouquette, étudiée peu après son décès (Journée d’étude Autour de l’écriture d’Yves Rouquette (1932-2015). Tensions entre engagement et esthétique littéraire, 5 novembre 2015, organisée par Joëlle Ginestet, publiée dans la Revue des langues romanes en 2017). 
 
Parallèlement, dans la continuité de questions abordées lors d’un des séminaires de l’équipe ELH lors du précédent plan quinquennal (« Repenser l’histoire littéraire »), on s’est interrogé sur la notion de « baroque occitan » (Journée d’étude « Le baroque occitan : une notion en question, 2 octobre 2015, organisée par Gilles Couffignal et Jean-François Courouau, publiée sur le site fabula.org, poursuivie par une Journée d’étude sur le baroque dans le cadre du Festival Déodat de Séverac, 9 novembre 2015, coordonnée par Jean-François Courouau). 
 
La littérature occitane est associée à des auteurs, à des institutions et au-delà à des territoires. Le laboratoire PLH a été co-organisateur du colloque organisé (avec les universités de Montpellier, Bordeaux, Pau et Nice) à l’occasion du centenaire de la mort de Frédéric Mistral (20-21 novembre 2014, actes édités chez Classiques Garnier en 2018). Parmi les institutions, deux ont fait l’objet de travaux de la part de membres de l’équipe ELH. D’une part, le laboratoire PLH, en collaboration avec le laboratoire FRAMESPA, a co-organisé un colloque international à l’occasion du centenaire de l’Institut d’études méridionales dans les locaux de la Bibliothèque d’études méridionales (organisation : Jean-François Courouau et Hélène Débax, actes édités en 2018 par les Presses universitaires du Midi). Par ailleurs, ELH s’est associé, pour la constitution du programme scientifique, au CIRDOC (Béziers) et au Conseil départemental de la Haute-Garonne, dans le cadre d’une Journée d’étude (27 avril 2017) consacrée à l’association félibréenne Escolo deras Pirenéos et à sa revue Era bouts dera mountanho. 
 
La liaison au territoire se fait également par les hommes et les femmes qui les peuplent et participent aux soubresauts de l’Histoire. La commémoration du centenaire la Première Guerre mondiale a mené à l’organisation d’une première Journée d’étude consacrée aux écritures ordinaires et aux récits de vie, sous quelque forme que ce soit, produits au moment de ce conflit et d’autres, en occitan mais aussi dans d’autres langues (francoprovençal, catalan). Cette journée, organisée par Joëlle Ginestet (Récits de guerre. Témoignages oraux et littérature, 15 mars 2016, actes édités dans la revue Lengas en 2017) a été suivie d’une seconde Journée d’étude (L’humain et le dépassement des conflits du siècle, 10 avril 2018, également organisée par Joëlle Ginestet). Le champ s’est en effet avéré plus vaste que prévu et de nouvelles recherches sont à envisager sur cette question de l’écriture et de la parole occitanes en temps de guerre. 

L’étude de la vie théâtrale en occitan s’est centrée sur le projet d’édition du corpus constitué par le Théâtre de Béziers (24 pièces, première moitié du XVIIe siècle) sous la conduite de Bénédicte Louvat.
 
Le laboratoire PLH et son équipe ELH ont organisé le XIIe Congrès de l’Association internationales d’études occitanes (AIEO) à Albi, sur le site de l’Institut national universitaire  Champollion, du 10 au 15 juillet 2017. Cette association regroupe tous les chercheurs du monde entier travaillant sur la matière occitane dans différents champs disciplinaires (littérature médiévale, moderne et contemporaine, linguistique, sociolinguistique, anthropologie, histoire…) et elle tient son Congrès international tous les trois ans, alternativement en France et à l’étranger depuis 1983. Pour cette édition, plus de 150 chercheurs venus de 15 pays et de trois continents ont été présents. La littérature a occupé une part importante des travaux (26 % pour la littérature médiévale et autant pour la littérature moderne et contemporaine) inscrits dans la thématique générale « Fidélités et dissidences », un thème choisi en référence à la croisade contre les Albigeois du XIIIe siècle mais déclinable en fonction de multiples problématiques. Le laboratoire organisateur était bien représenté puisque, outre la coordination assurée par Jean-François Courouau, 5 chercheurs du laboratoire étaient membres du comité d’organisation, dont deux doctorantes et trois du comité scientifique. Celui-ci est composé du Conseil d’Administration de l’AIEO dont sont membre deux chercheurs d’ELH (Jean-François Courouau et Joëlle Ginestet), élargi à des chercheurs d’autres universités. De façon générale, avec 25 chercheurs répartis sur plusieurs disciplines et laboratoires, l’UT2J a constitué l’établissement le plus représenté lors de ce Congrès, ce qui confirme son rôle pionner dans les études occitanes au niveau international. 
 
L’implication des doctorant-e-s ELH dans l’organisation et le déroulement du Congrès AIEO de 2017 s’est également vue confirmée par la co-organisation, avec le laboratoire CLLE-ERSS (UT2J) et l’Université Paul-Valéry (Montpellier), d’une Journée d’étude située dans le prolongement du XIIe Congrès AIEO (29 mars 2019). Partant du constat que les frontières sont poreuses entre les disciplines qui participent aux études occitanes, mais aussi entre les productions, les formes et les genres à l’intérieur de chacune de ces disciplines, il s’agit de déterminer de quelles façons la création et l’hybridation participent à une redéfinition permanente et féconde des catégories qui permet elle-même une transmission et une recréation constantes. Là encore, le dialogue interdisciplinaire est au centre des préoccupations des doctorantes chargées de l’organisation (Marine Mazars, Cécile Noilhan), puisque les communications relèvent de plusieurs champs d’étude (littérature médiévale, contemporaine, linguistique).