Axe 3 : Les objets du savoir

   
 

a) Le livre : lettre, corps, esprit

Cette thématique regroupe les travaux de PLH concernant la promotion du patrimoine textuel, à travers trois procédures scientifiques :

  • « Lettre » : les éditions de textes, indispensables pour élargir les corpus mis à disposition des chercheurs et, plus largement, des lecteurs, mais aussi les dictionnaires ;
  • « Corps » : les recherches sur la matérialité du livre, dans une perspective d’herméneutique matérielle permettant, entre autres, de définir des régimes de textualité, de lecture, d’explorer les « goûts » et usages du livre, les rapports texte-image ;
  • « Esprit » : les traductions, cet exercice de précision (injustement méprisé) confrontant à la difficulté de rendre l’esprit d’un texte.
Cet axe accompagne donc les activités d’édition et de traduction de textes des membres de PLH, ainsi que des manifestations qui réfléchissent à la vie du livre, sa circulation et ses modes d'appropriation.

- En partenariat avec l’équipe LLA-CREATIS s’est développé un grand programme de recherche autour des biblioclasmes, co-dirigé par Marine Le Bail (PLH-ELH) et Benoit Tane (LLA-CREATIS). À un moment où la révolution numérique a réactivé dans l’imaginaire collectif une hantise de « la fin du livre » qui parcourt, en filigrane, toute l’histoire de la littérature occidentale, on s’interroge sur la fragilité consubstantielle à l’objet-livre à travers la notion de biblioclasme. Si, en effet, les historiens se sont largement penchés sur les implications politiques, épistémologiques et idéologiques de la destruction volontaire de livres, on s’est moins intéressé au biblioclasme comme manière de repenser ou de réinventer la matérialité du livre. Véritable tabou de la culture livresque, l’anéantissement du livre invite à réfléchir aux rapports paradoxaux qui se nouent, autour de l’objet manuscrit ou imprimé, entre aspiration du texte à l’immortalité et finitude du support, entre durabilité et fragilité, entre destruction et recréation.

Plusieurs rencontres thématiques articulant des couples notionnels ont eu lieu, soit en ligne, soit dans le cadre d’institutions patrimoniales toulousaines :

  • 5 février 2021, rencontre inaugurale (en ligne)
  • 11 juin 2021, Workshop « Couper-coller »
  • 3 décembre 2021, Workshop « Précarité/ préciosité du livre » soutenu par la MSHS de Toulouse à la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine, qui a fait intervenir aussi bien des universitaires que des conservateurs·trices de bibliothèques, et qui s’est achevé par une rencontre en librairie avec l’écrivaine Anne Delaflotte-Mehdevi (Le Livre des heures).
  • 2 juin 2023, Workshop « Action / inaction », Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine. Rencontre en librairie avec Jean-Luc Laurichesse (Un passant incertain).
  • 2-4 octobre 2024 : la première phase de ce projet de recherche s’est achevée avec un grand colloque international, « Biblioclasmes : destructions/créations », en partenariat avec la Bibliothèque d’Étude et du Patrimoine (conférence inaugurale d’Alberto Manguel ; rencontre avec Fabien Clavel, auteur des Feuillets de cuivre ; conférence de clôture par Lucien X. Polastron).

Il est possible de se tenir au courant de l’actualité de ce projet appelé à se poursuivre grâce au carnet de recherche « Biblioclasmes » (https://biblioclasm.hypotheses.org/agenda-actualites) régulièrement alimenté par Benoît Tane et Marine Le Bail, mais aussi par des étudiant·e·s en licence, en master, ou par des doctorant·e·s.

D’autres manifestations plus ponctuelles, à partir d’ouvrages anciens de l’Antiquité ou de la Renaissance, ont pu confronter les stratégies éditoriales du passé et du présent :

 • 15 fév. 2021 (en visioconférence en raison du contexte sanitaire) : journée d’étude « Éditer les Anciens aujourd’hui », organisée par deux doctorantes du CRATA, Émilie Balavoine et Bénédicte Chachuat. Cette journée a permis aux jeunes chercheurs et chercheurs confirmés de partager leurs expériences, de confronter leurs méthodes de traduction et d’édition critique des textes anciens et de réfléchir aux enjeux de tels travaux à l’heure des humanités numériques.

• 5-6 oct. 2023 : colloque « En lisant en écrivant. Gilles Corrozet : un libraire-auteur au temps de la Renaissance », en collaboration avec la Bibliothèque d’Étude et du patrimoine de Toulouse et l’IHRIM (Lyon 2, UMR 5317), organisé par Trung Tran (ELH), Pascale Chiron (ELH), Magali Vène (BMT), Antonin Godet (IHRIM).

Ce colloque qui s'est tenu à la fois à la Maison de la Recherche d'UT2J et à l'hôtel d'Assézat de Toulouse a réuni 12 communicants autour de quatre sessions : « Corrozet humaniste », « Corrozet lecteur, glaneur, joueur », « Corrozet poète et emblématiste », et enfin « Corrozet fabuliste ». Il a permis de revisiter à nouveaux frais la production de cet homme typique de la Renaissance et de découvrir un pan méconnu de son œuvre, œuvrant ainsi à la promotion des minores et à leur pleine valorisation dans notre patrimoine littéraire. Le colloque s'est achevé par une lecture de fables choisies de Corrozet, lues avec humour et talent par Isabelle Garnier et Jean Vignes, dans le droit fil des travaux d'ELH portant sur la voix.

Les actes sont en cours de publication aux éditions Classiques Garnier, assortis d'un enregistrement des lectures des fables.


L’axe 3 a accueille aussi des travaux autour des dictionnaires savants : il s’agit d’interroger la vogue actuelle de ces dictionnaires et ce qu’elle dit de notre rapport à la littérature. À  ranger plus bas, avec les publications associées à cet axe ?
  • I. Serça (dir.), Proust et le temps. Un dictionnaire (Le Pommier, 2022)
  • Dictionnaire Litt&Nature, dir. Ph. Chométy et Jérôme Lamy (CNRS, CERTOP, UT2J), à paraître aux éditions Classiques Garnier. Voir le projet :

https://www.fabula.org/actualites/110385/dictionnaire-littnature.html

 

b) Questions d'images : enseignement et didactique de l'image

Une recherche collaborative entre enseignants-chercheurs et enseignants du secondaire

Dans le cadre de son projet IUF, Anne-Hélène Klinger-Dollé a impulsé la création du groupe « Questions d’images », qui a fédéré des enseignants-chercheurs de PLH et LLA-CREATIS, quelques enseignants-chercheurs d’autres universités (CNRS de Nanterre, Caen), deux formateurs de l’INSPE Toulouse-Occitanie-Pyrénées et  une trentaine d'enseignants de collèges, lycées et classes préparatoires de l’Académie de Toulouse. Le travail commun a été institutionnalisé par une recherche collaborative financée par la Structure fédérative de l’INSPE pour les années civiles 2023 et 2024.

Produire des ressources en ligne pour enrichir l’étude de l’image en classe

L’objectif du groupe a été de produire des ressources en ligne gratuites qui aident enseignants du secondaire et étudiants de licence à mieux intégrer en classe l’étude d’images patrimoniales fixes, dans différentes disciplines traditionnellement plus centrées sur les textes : lettres, langues anciennes, histoire, éducation morale et civique, histoire des arts, éducation aux médias… Les textes sont volontairement courts, tout en vulgarisant un savoir étroitement lié aux domaines de spécialisation des enseignants-chercheurs qui les ont rédigés. Ils ont été relus par les enseignants du secondaire du groupe qui ont suggéré des possibilités d’exploitation avec une classe, en fonction des matières et des niveaux d’enseignement.

Priorités didactiques

Le groupe a posé l’hypothèse que l’intégration d’images dans les disciplines « humanistes » gagne à quitter le statut de pure amorce alléchante ou d’illustration transitoire pour devenir une activité interprétative réfléchie, prolongée, répétée, interdisciplinaire. Il s’est agi de développer chez les élèves la conscience que l’image est une mise en scène du réel, appelant une lecture critique informée. On a voulu renforcer la démarche de contextualisation des images, alors qu’elles se présentent souvent à l’élève isolées, en reproduction, sur un écran. L’accent a également été mis, à l’ère du virtuel, sur la matérialité de l’image (prise en compte des données techniques de son élaboration). L’attention a porté aussi sur la réception des images dans la longue durée. Au final, c’est à une éthique de l’image que souhaite conduire cette recherche collaborative, qui concerne la mobilisation et l’analyse d’images tant par les élèves que par les enseignants.

Trois dossiers : Antiquité, réception de l’Antiquité, textes et images dans le livre littéraire

Les ressources créées sont publiées sur la plateforme Utpictura 18 dirigée par Stéphane Lojkine (Université Aix-Marseille), sous la forme de trois dossiers thématiques qui tiennent à l’ancrage scientifique de PLH :

  • « Images antiques »
  • « Images et réception de l’Antiquité »
  • « Le livre, le texte et l’image »

Ils sont à lire dans la rubrique « Éducation » de Utpictura 18 : https://utpictura18.univ-amu.fr/rubriques/ressources.

Ils totalisent une cinquantaine d’articles, écrits par une trentaine de contributeurs, jeunes chercheurs et chercheurs confirmés. Par ailleurs, les suggestions pédagogiques sont publiées sur le site Imago. Lire du latin illustré, dirigé par Anne-Hélène Klinger-Dollé, dans une section spécifique « Questions d’images », avec une trentaine de contributions et la participation d’une vingtaine d’enseignants. Des liens renvoient des textes scientifiques aux exploitations pédagogiques, et vice versa.

Lien sur Imago : https://imago-latin.fr/questions-d-images/.

L’avenir de cette thématique dans la Structure Fédérative de Recherche de l’INPÉ Toulouse-Occitanie-Pyrénées

L’intérêt pour les usages de l’image en classe qui a émergé à PLH pourra s’inscrire dans la durée : il constitue désormais l’axe 1 (« Pour une didactique de l’image : création, réception et usages ») du thème 4 (« Expériences sensibles en éducation ») de la SFR, pour les années à venir. Anne-Hélène Klinger-Dollé et Jean Deilhes (INSPE) en sont co-responsables.