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Axe 1 : Théâtres : scènes antiques et modernes
La réflexion sur le patrimoine se focalise sur un type de spectacle qui l’actualise d’une manière singulière, par l’ancrage dans le présent de la représentation : le théâtre, ses usages passés et présents. Deux sous-axes portent l’un sur le théâtre antique, l’autre sur les scènes modernes (littérature pédagogique humaniste, Molière, Bernanos), examinés à partir d’outils théoriques modernes et des multiples formes de réception.
a) Théâtre antique
L’Axe 1 transversal à PLH a permis de croiser les approches scientifiques des chercheurs du laboratoire autour des questions liées à la représentation théâtrale et aux pratiques spectaculaires en général, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le sous-axe Scènes antiques s’est déployé en deux sens complémentaires : d’une part, l’élaboration de bases scientifiques pour une recherche collaborative, en France, sur le théâtre antique et sa réception contemporaines, d’autre part une manifestation spécifiquement consacrée à un aspect mal connu du théâtre antique : le théâtre dans l’Egypte gréco-romaine.
- Fondements pour une recherche collaborative en France sur le théâtre et les spectacles antiques : édifices, muséologie, histoire et sociologie du public .
Constitution d’un réseau thématique
L’axe 1 de PLH a représenté un socle pour la construction d’un réseau scientifique informel SPECTACULA, fondé en 2023, qui rassemble autour du public et des édifices de spectacles antiques, une soixantaine de chercheurs en SHS et en Sciences et technologies, artistes, architectes, responsables de musées antiques. Il s’est donné pour objectifs de :
- décloisonner la recherche universitaire sur les spectacles romains (combats de gladiateurs, courses de chars, représentations scéniques, chasses, condamnation aux bêtes…) et leurs édifices (cirques, théâtres, stades, odéons et amphithéâtres romains) dans l’Antiquité.
-aborder l’histoire des spectacles romains et de leurs édifices sur le temps long, de l’Antiquité à nos jours.
-diversifier et enrichir les méthodes de travail dans ce domaine par l’interdisciplinarité, en prenant en compte l’émergence de nouvelles méthodologies de recherche entre les SHS et les sciences dites « dures » : l’informatique et la biomécanique, les Sciences cognitives ou encore l’acoustique.
Organisation d’un workshop exploratoire
Le réseau a choisi de traiter prioritairement de la réception des édifices antiques de spectacle aux XXe et XXIe siècles, l’un des axes thématiques du réseau. Pour explorer cette thématique et déterminer les orientations scientifiques du travail, un workshop de deux demi-journées, les 15 et 16 septembre 2023 a été organisé à l’université Toulouse Jean Jaurès en collaboration avec le musée Saint Raymond, sous l’intitulé :
Construire des méthodes interdisciplinaires d’observation et d’analyse des formes de réception des édifices antiques dans les cultures des XXe et XXIe siècles. Le portage du projet a été assuré par Marie-Hélène GARELLI (EA 4601- Patrimoine Littérature et Histoire, PLH) en collaboration avec Patrick Fraysse, Université Toulouse 3
Le workshop a d’abord été consacré à l’étude des formes de valorisation d’édifices de spectacle gallo-romains situés en France : réutilisations occasionnelles pour des spectacles, médiations culturelles auprès des publics... Une réflexion sur les archives audiovisuelles de l’INA a permis d’étudier en images plusieurs exemples de manifestations culturelles organisées dans des théâtres et amphithéâtres gallo-romains au cours des quarante dernières années. Plusieurs de ces édifices appartiennent à des sites gérés par des musées archéologiques. De nouvelles logiques de médiation émergent, à partir des objets archéologiques, inspirées par les musées de société. Au-delà des spécificités propres à chaque site (Toulouse, Nîmes, Lyon), les échanges ont révélé que si ces établissements ont tous le souci de la valorisation de ce patrimoine antique, entre autres grâce au développement de dispositifs de médiation numériques, cet objectif reste, en lui-même, insuffisant. Une enquête sur l’exposition sur les spectacles romains et leurs édifices du musée Lugdunum de Lyon entre octobre 2022 et juin 2023, à la croisée des neurosciences et de la muséologie, a montré que si des dispositifs de médiation numérique sont de plus en plus utilisés par les musées dans le cadre de leurs médiations culturelles, la multiplication de ces outils, présente également des risques et peut conduire à la perte de l’objectif principal, l’information et la culture des publics. On conclut à une nécessaire adaptation des publics à cette médiation singulière, notamment au « discours » de l’exposition. On observe aujourd’hui un tournant communicationnel des musées. Deux nouvelles hypothèses de travail émergent qu’il est intéressant d’appliquer aux expositions sur le patrimoine antique :
- Il a également abordé le croisement possible entre les approches de la méta-cognition (apprentissages favorisés par la dimension réflexive) et la méta-communication (le « discours » de l’exposition, panneaux sur l’usage des dispositifs présentés...)
- le lien entre familiarité muséale (capacité à déchiffrer le fonctionnement sémiotique de l’exposition) et mémoire schématique (facilitation de la lecture d’informations nouvelles par l’acquisition de schémas cognitifs). - Il a enfin traité de la perception des spectacles et édifices de spectacle romains dans les cultures populaires contemporaines à travers l’étude de bandes dessinées, de mangas, ou encore d’émissions télévisées. L’analyse de quelques-uns de ces supports a bien mis en évidence les modalités d’élaboration d’un imaginaire contemporain et la circulation des clichés d’un média à un autre. Des processus de distorsion et d’hybridation ont été aussi dégagés. Par exemple, des jeux télévisés enregistrés dans des amphithéâtres romains associent fortement ces édifices à la tauromachie et au-delà à l’Espagne, plutôt qu’à l’antiquité romaine. Une présentation de manga japonais a montré comment au Japon, dans un pays éloigné du bassin méditerranéen et sans ruines romaines sur son territoire, se sont développés, grâce à des mangas et à des expositions (dont l’une sur Pompéi qui a eu un très grand succès) une imagerie et un imaginaire des spectacles de l’arène, auxquels se mêlent des traits propres à la culture japonaise. Les questions soulevées par ces workshops pourront enrichir les thématiques du GIS « Patrimoine en partage » avec lequel travaillent des membres de SPECTACULA.
Débouchés et perspectives : le dépôt du projet ANR CHOROS : Caveae : Hiérarchisation et Organisation, à Rome et dans l’Occident romain, des publics des Spectacles
Une perspective de travail est l’élargissement de la réflexion à d’autres pays du pourtour méditerranéen (Péninsule Ibérique, Maghreb...) pour pouvoir faire des comparaisons et en privilégiant aussi une fourchette chronologique un peu plus large. Dans cette perspective, un projet ANR a été déposé, le projet CHOROS, en octobre 2024, qui concentre les recherches sur le public des spectacles romains antiques. Le projet permettra de structurer une équipe de chercheurs depuis longtemps impliqués dans ces problématiques, qui ont déjà collaboré dans le cadre de SPECTACULA. Les différents équipements, compétences et expertises nécessaires seront partagés entre trois partenaires : 1) UMR 5607 Ausonius (Bordeaux Montaigne) 2) CIREVE, (équipe ERLIS, Can-Normandie 3) PLH (Toulouse-Jean Jaurès). Anne Gallant, MCF-HDR à l’Univ. Bordeaux Montaigne, est spécialiste de la réception et de la symbolique des spectacles de l’amphithéâtre. Quatre WP sont proposés : Le WP 1 concerne le rassemblement sur la base de données CHOROS, issue de l’adaptation du logiciel du projet Patrimonium (https://patrimonium.huma-num.fr/), de l’ensemble des documents, littéraires ou épigraphiques, concernant le placement, les réactions et les modes de communication des spectateurs de l’occident romain. Le WP 2 concerne la confrontation et l’étude des textes et des inscriptions afin d’affiner notre connaissance de la relation entre l’organisation des publics romains et la société qui en était le cadre. Le WP 3 étudiera l’impact de la hiérarchisation du public sur la perception visuelle qu’avait chaque groupe de spectateurs du spectacle, mais aussi du reste de la cavea. Pour cela, des simulations seront réalisées grâce à la confrontation de notre documentation avec les maquettes 3D de certains édifices.
Fabio Mancuso, doctorant en co-tutelle à la Sapienza de Rome et à UBM (co-directeurs : Anne Gallant et Gian Luca Gregori) sera étroitement associé au projet. Un autre doctorant, rattaché à l’Université Toulouse Jean Jaurès, constituera de son côté le corpus des inscriptions topiques des théâtres de l’Occident romain, à l’exception de celles de l’Espagne qui seront rassemblées par Sergio Espana Chamorro, archéologue et épigraphiste, lauréat de la bourse Ramon y Cajal à l’Universidad Complutense di Madrid, grâce à un financement de cette dernière.
B- Colloque international : Le théâtre dans l'Égypte gréco-romaine. Si les études sur la présence grecque et romaine en Égypte se multiplient ces dernières années, le théâtre a paradoxalement peu retenu l’attention des chercheurs, alors qu’il s’agit pourtant d’un important marqueur de diffusion de la culture hellénique puis romaine sur le territoire égyptien. Cela s’explique sans doute par le fait que très peu d’édifices ont été préservés. Le colloque international Le théâtre dans l'Égypte gréco-romaine organisé par Philippe Chométy, Estelle Galbois et Marie-Hélène Garelli les 12 et 13 octobre 2023 (en distanciel) a permis d'explorer plusieurs pistes pour appréhender le théâtre dans une perspective globale : les performances dans l'Égypte pharaonique avant l'arrivée des Grecs ; la scène et ses acteurs; la diffusion et la postérité des textes ; les images. Les actes de ce colloque seront publiés aux éditions Ausonius.b) Scènes modernes
Ce sous-axe transversal de PLH a exploré les pratiques et les enjeux liés à la mise en scène des classiques, en interrogeant la manière dont les œuvres du répertoire, issues de contextes historiques variés (littérature pédagogique humaniste, Molière, Bernanos), sont réinterprétées sur les scènes contemporaines. Il s'est agi d'analyser comment ces textes pouvaient être transmis pour dialoguer avec les préoccupations actuelles, tout en respectant ou en transformant leur patrimoine culturel et esthétique. En croisant perspectives historiques, théoriques et pratiques, cette recherche visait à mieux comprendre la vitalité des classiques dans un monde en constante évolution.A- Représentation du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos aux Jacobins de Toulouse
Les 20 et 27 mars 2024, des enseignants-chercheurs du laboratoire PLH, en collaboration avec des enseignants-chercheurs du laboratoire LLA-Créatis, ont proposé quatre représentations d’une adaptation scénique du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos au Couvent des Jacobins de Toulouse. Ce spectacle, mis en scène par Séverine Astel (Collectif de création théâtrale contemporaine De Quark), a regroupé de nombreux étudiants, acteurs, danseuses, musiciens, intervenants ou encadrants, issus de plusieurs formations (Licences Lettres et Arts, Théâtre, Cinéma, Sciences de l’Éducation, Musique, Danse et Cirque, Musique et Arts, Histoire de l’Art et Archéologie, Arts plastiques ; IsdaT ; Masters Études théâtrales, chorégraphiques et circassiennes, Écriture dramatique et création scénique, Culture et Communication ; Doctorat Arts du spectacle).
Le projet entendait redonner sa fonction d’origine à l’immense tableau du peintre Arcabas (1926-2018), exposé depuis 2019 aux Jacobins, qui avait servi en 1962 de décor à une lecture-spectacle du même roman de Bernanos. La mise en scène a proposé une déambulation dans l’église, ponctuée de danse et de musique, permettant aux spectateurs de redécouvrir autrement le chef-d’œuvre de Bernanos tout en parcourant différents lieux de la nef du xiiie siècle, la scène finale culminant devant le polyptyque d’Arcabas.
Cette initiative a permis de fédérer les énergies de deux équipes du laboratoire PLH (ELH : Pascale Chiron et Philippe Chométy ; CRATA : Régis Courtray), mais aussi des départements de l’UFR LPMASC, dont les départements LMCO (Lettres Modernes, Cinéma, Occitan) et LLCA (Langues, Littératures et Civilisations Anciennes), permettant d’articuler recherche et formation, dans une logique transversale. Le projet a été soutenu par les Commissions « Recherche », « Culture » et « Science et Société » ainsi que par le Fonds CVEC de l’UT2J.
Le projet a été rendu possible par un partenariat avec la Mairie de Toulouse, le Couvent des Jacobins, le diocèse de Toulouse et l’Association des Amis de l’Œuvre d’Arcabas à Toulouse (AAOAT), formalisé par une convention ; il a été accompagné par la conservatrice des Jacobins, Marie Bonnabel, permettant la création de liens étroits entre ce site emblématique du patrimoine toulousain et l’Université Toulouse-Jean Jaurès.
Il s’inscrit aussi dans la mission de diffusion des savoirs du laboratoire PLH. Il a donné lieu à une conférence à l’Université du Temps Libre le 20 mars 2024. Il a fait l’objet d’une exposition au CLAP (Centre documentaire Lettres, Arts, Philosophie) de l’UFR LPMASC. Il a encore permis la réalisation de deux vidéos d’étudiants du Master Culture et Communication, mises en ligne sur le site du département Art&Com :
https://artecom.studio/2024/03/12/arcabas-et-bernanos-une-rencontre-toulousaine/
https://artecom.studio/2024/03/12/titre-hommage-a-bernanos-un-cri-contre-loppression/
B- « Ludus ! Quand l’école était un jeu » : expérimenter avec des étudiants les ressources d’une littérature pédagogique humaniste peu connue
La lecture-spectacle « Ludus ! Quand l’école était un jeu » a été donnée jeudi 14 mars 2024, pendant le VIIe congrès de la SEMEN-L, Société savante qui rassemble des spécialistes de latin médiéval et de néo-latin. Le congrès, sur le thème « Latin du Moyen Âge, Latin de l’époque moderne et enseignement », a été accueilli du 13 au 16 mars 2024 par le laboratoire PLH dans le cadre du projet IUF d’Anne-Hélène Klinger-Dollé. Ce projet de lecture a été dirigé par Philippe Chométy (ELH), Anne-Hélène Klinger-Dollé (ERASME) et Mathieu Ferrand, maître de conférences en Arts du spectacle à l’Université Grenoble-Alpes. Il a impliqué dix étudiants de l’UFR LPMASC qui ont présenté et mis en voix des extraits de textes latins (en traduction) ou français des XVe-XVIIIe siècles ayant trait à l’enseignement du latin à l’école, à son statut et aux représentations sociales du litteratus latiniste. Le spectacle a ainsi permis aux étudiants lecteurs comme à un public d’étudiants et d’enseignants élargi de découvrir des textes peu connus en dehors des spécialistes : colloques scolaires écrits par les humanistes Juan Vivès et Mathurin Cordier en latin à l’attention de leurs élèves, pièces comiques composées dans un cadre scolaire, à portée satirique. La préparation sur six mois du spectacle a permis un travail passionnant avec les étudiants volontaires, grâce à des répétitions par quinzaine et un stage de deux jours. Les progrès dans l’oralisation et l’appropriation des textes par le groupe ont été étonnants. La prestation elle-même a permis de vérifier le potentiel comique de ces textes et leur capacité à rejoindre un auditoire contemporain. Les textes traduits ou adaptés par Mathieu Ferrand et Anne-Hélène Klinger-Dollé pour cette occasion seront intégrés à la publication en ligne et en accès libre des actes du congrès dans la revue Camenae (École Pratique des Hautes Études, https://www.saprat.fr/instrumenta/revues/revue-en-ligne-camenae/), ce qui permettra à des collègues du secondaire ou du supérieur de s’en emparer pour d’autres projets.
C- Molière 2022 à Toulouse
En 2022, Toulouse a célébré le 400ᵉ anniversaire de la naissance de Molière à travers une série d’événements culturels, scientifiques et pédagogiques d’envergure. Ces commémorations, organisées par le laboratoire PLH de l’Université Toulouse – Jean Jaurès, ont mis en lumière les liens historiques entre Molière, le Languedoc, et la région toulousaine. Elles visaient également à explorer l’héritage contemporain du dramaturge, tout en impliquant un public diversifié.
Les festivités ont intégré des activités variées pour sensibiliser un large public :
- Manifestations culturelles : spectacles, expositions, projections de films, repas-débats, lectures théâtrales en occitan et animations interactives adaptées aux jeunes publics.
- Représentations théâtrales étudiantes : des étudiants en lettres, études théâtrales et musicologie ont présenté Les Fâcheux dans une mise en scène collaborative, mêlant recherche et création artistique.
- Ateliers scolaires : interventions dans les collèges et lycées pour éveiller l’intérêt des jeunes pour Molière et son théâtre.
Les travaux académiques ont porté sur la réception de Molière en Europe et son influence régionale avec deux publications : numéro spécial de Littératures classiques sur « la première réception européenne de Molière » et numéro spécial de L’Auta « Molière à Toulouse ». Deux Journées d’études ont permis des discussions croisées sur les liens entre Molière et l’Antiquité et sur Molière et les sciences.
Diverses initiatives ont renforcé le lien avec le public : visites guidées des lieux emblématiques de Molière à Toulouse, ateliers autour des archives moliéresques de l’érudit Eugène Lapierre, cycles de conférences et projections cinématographiques sur la vie et l’œuvre de Molière, etc.
Ce projet a permis de créer des synergies entre chercheurs, institutions culturelles et étudiants. Il a consolidé les liens entre la recherche académique et la diffusion culturelle, tout en valorisant le patrimoine toulousain.
Le comité scientifique toulousain de « Molière 2022 » :
Philippe Chométy (UT2J, PLH), coordonnateur du comité
Fabrice Chassot (UT2J, PLH)
Pascale Chiron (UT2J, PLH)
Jean-François Courouau (UT2J, PLH)
Bénédicte Louvat (Sorbonne Université)
Le projet a fait partie des manifestations « Molière 2022 » imaginées et valorisées par un réseau de chercheurs à une échelle internationale. L’ensemble des manifestations toulousaines a été annoncé sur la plateforme en ligne « Molière 2022 ».Télécharger le programme
Revue de presse :
- « Scènes et sciences… de Molière », Intramuros, n° 464, avril 2022, p. 11.
- « Molière a 400 ans (ou l’histoire d’une passion française) », Rotary Mag, n° 825, mai 2022, p. 21-25.