Axe 5 - ELH : Littérature du XIXe siècle : poétique des textes et histoire des idées (responsable : Fabienne Bercegol)

 La période du premier XIXe siècle, encore souvent négligée au profit du champ littéraire qui se met en place à partir des années 1830, a été au cœur de plusieurs manifestations. Un colloque international, co-organisé avec d’autres partenaires académiques (Université Paris-Diderot, Université de Rouen), a eu lieu à l’UT2J les 2, 3, 4 avril 2014, sous la direction de Fabienne Bercegol, Stéphanie Genand (Rouen) et Florence Lotterie (Paris). Intitulé « “Une période sans nom” : les années 1780-1820 », il s’est donné pour but de réfléchir aux questions que cette époque complexe, née du traumatisme révolutionnaire, a posées et continue de poser à l’histoire littéraire et à ses pratiques. Les actes ont été publiés chez Garnier en 2016.

Dans la continuité de ce colloque, nous avons voulu attirer l’attention sur des écrivaines qui se sont illustrées pendant ces années, en privilégiant celles qui ont le moins retenu l’attention de la critique contemporaine.  L’œuvre romanesque de Sophie Cottin et celle de Julie de Krüdener ont ainsi été au centre d’un colloque international qui a eu lieu à l’université de Potsdam (Allemagne) du 29 au 31 octobre 2015, « Les femmes en mouvement. L’univers sentimental et intellectuel des romancières du début du XIXe siècle ». Ce colloque a été le fruit d’une collaboration scientifique avec l’Institut de Romanistique de l’Université de Potsdam. Il a permis d’explorer la poétique de ces romans dont l’édition est en cours chez Classiques Garnier, en la situant dans le paysage littéraire européen contemporain. Les actes ont été publiés à Berlin, chez Frank et Timme en 2017.

Par ailleurs, l’équipe a contribué à la célébration du 250e anniversaire de la naissance de Chateaubriand en s’associant à l’organisation du colloque qui s’est tenu à la Fondation Singer-Polignac à Paris les 5 et 6 juin 2018 (sous la dir. de Fabienne Bercegol, Pierre Glaudes et Jean-Marie Roulin) : comme l’indiquait l’intitulé choisi « Chateaubriand : nouvelles perspectives », il s’agissait de faire émerger d’autres pistes pour explorer l’héritage que le grand écrivain avait légué au XIXe siècle, par son œuvre mais aussi par la figure de l’auteur qu’il avait façonnée. Les actes sont en cours de publication chez Garnier. Chateaubriand reste à l’honneur d’une Journée d’étude à l’ENS de Paris le 15 juin 2019 à laquelle l’équipe est également associée : sous la direction de Fabienne Bercegol, elle propose de faire le point sur le « rayonnement international de Chateaubriand » au XXIe siècle.

Ce travail sur la première moitié du XIXe siècle se poursuit par ailleurs par l’organisation par Fabienne Bercegol et par Aleksandra Wojda (membre associé de PLH) d’une Journée d’étude sur « Le Paysage musical. Littérature et musique dans la première moitié du XIXe siècle » le 1er avril 2019 : en lien étroit avec un programme du Master Lettres, cette Journée fait dialoguer des spécialistes de littérature et de musicologie autour du paysage sonore tel que l’inventent écrivains et musiciens de cette période, souvent en s’inspirant les uns des autres, comme le montre la célèbre Vallée d’Obermann de Liszt. Cette Journée d’étude est complétée par une Masterclass à destination des étudiants du Département de Musique et par un récital ouvert au grand public donnés par le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter à La Fabrique (salle de concert de l’UT2J) : il interprétera et commentera des morceaux illustrant la nouvelle esthétique musicale que l’on a qualifiée de « romantique ».

Ce dialogue entre littérature et arts qui se développe pendant tout le XIXe siècle est devenu l’une des orientations majeures de cet axe en se centrant sur le genre du portrait. Ainsi le colloque international co-organisé par Fabienne Bercegol du 11 au 18 août 2016 au château de Cerisy sur les « Portraits dans la littérature de Gustave Flaubert à Marcel Proust » a permis à plusieurs membres de l’équipe ELH de participer à cette enquête sur les différentes formes que prend le portrait et sur les fonctions plurielles qu’il assume dans les romans de la seconde moitié du XIXe siècle, mais aussi dans les récits de voyage, en poésie et au théâtre, ainsi que dans le discours critique. Le colloque jeunes chercheurs organisé par des doctorantes en XIXe siècle de l’équipe ELH (Lauren Bentolila-Fanon, Charlène Huttenberger, Marine Le Bail) consacré à « L’accessoire d’écrivain au XIXe siècle : le sens du détail », qui s’est tenu entre le 11 et le 13 octobre 2017 à l’UT2J, s’inscrivait d’ailleurs dans une démarche similaire : sans traiter directement de la question du portrait, cette manifestation s’intéressait en effet au rôle de l’accessoire dans l’image plus ou moins consciemment construite et véhiculée par les auteurs de la période, mais aussi par leurs contemporains, à une époque où l’écrivain s’affirme comme une figure profondément médiatique. Les actes en seront prochainement publiés sur le site internet de la SERD.

Ce travail, qui se veut résconvencoconcconconolument intermédial, dans la mesure où le portrait littéraire ne peut se concevoir sans référence au portrait peint et au portrait photographique, se prolonge désormais dans le cadre de deux séminaires. L’un, trimestriel, réunit autour des « Portraits de l’histoire au XIXe siècle » des chercheur.e.s en littérature, en histoire et en histoire de l’art des trois universités de Perpignan, de Montpellier et de Toulouse, qui se rencontrent tour à tour sur les trois sites et y invitent des conférencier.e.s. Les doctorant.e.s en XIXe siècle de chaque université y prennent une part active. Un carnet de recherche lui est dédié : https://porthist19.hypotheses.org. L’autre, d’une périodicité plus rapprochée, propose une enquête transéculaire sur le genre du portrait littéraire, dont il explore les enjeux esthétiques et sociétaux (« Des siècles de portraits littéraires ») : son empan chronologique, de l’Antiquité à nos jours, permet depuis janvier 2019 aux enseignant.e.s-chercheur.e.s d’ELH mais aussi de tout PLH d’y présenter des exposés, suivis par des doctorant.e.s et des étudiant.e.s du Master Lettres. Il est prévu que des doctorant.e.s d’ELH ou d’ailleurs puissent y présenter une communication. Il fait également l’objet d’un carnet de recherche : https://portraitlit.hypotheses.org. Ce programme de recherche sur le portrait sera poursuivi dans les années à venir, en s’ouvrant à d’autres champs artistiques, notamment au cinéma.
 
Enfin, dans le souci constant de favoriser le dialogue entre des champs disciplinaires distincts et toutefois complémentaires, l’équipe ELH a voulu réunir chercheur.e.s et praticien.ne.s du livre (conservateurs, bibliothécaires) autour d’objets communs. Ainsi, deux Journées d’études ont été consacrées à Paul Lacroix, figure exemplaire de l’intrication entre république des lettres et secteur éditorial au XIXe siècle, sous l’égide du laboratoire CRISES de l’Université Paul Valéry-Montpellier 3, de l’équipe ELH et de la BNF (20 mars 2015 dans la bibliothèque de l’Arsenal à Paris ; 29 janvier 2016, à la médiathèque Émile Zola à Montpellier). Les actes en sont parus en 2016 dans un dossier thématique spécial de la revue Littératures sous la codirection de Magali Charreire et Marine Le Bail, accompagné de la publication d’une sélection de lettres inédites de Paul Lacroix. Les 13 et 14 octobre 2016, la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et la bibliothèque de l’Arsenal ont par ailleurs accueilli un colloque co-organisé par la SERD et par ELH qui a fourni l’occasion de prolonger ce dialogue entre histoire du livre et champ littéraire en s’intéressant à l’histoire littéraire alternative pratiquée par les bibliophiles du XIXe siècle (« L’histoire littéraire en mode mineur : le rôle des bibliophiles dans la promotion d’un panthéon littéraire alternatif au XIXe siècle », responsable : Marine Le Bail). Les actes de ce colloque doivent paraître en 2019 dans la revue Histoire et Civilisation du Livre, sous la codirection de José-Luis Diaz et Marine Le Bail.

On s’efforcera, dans les années à venir, de renforcer cette ouverture en direction de l’histoire du livre, que ce soit sous la forme de nouveaux partenariats (par exemple avec la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, avec laquelle des contacts sont pris) ou d’inscription dans des projets de recherche à l’échelle du laboratoire, et même au-delà. La question du statut de l’image dans le livre et en particulier de son rôle pédagogique pourrait ainsi occuper une place de choix dans la mise en place d’un axe de recherche en didactique de l’image porté par Anne-Hélène Klinger-Dollé (PLH, Erasme).