Axe 1 Erasme

Histoire des sciences : Étude de la physiologie galénique et de son articulation avec la pathologie et la thérapeutique humorales à l'époque moderne

Responsable : Didier FOUCAULT

PRÉSENTATION :

La référence aux autorités intellectuelles de l'Antiquité a été, jusqu'ici, appréhendée dans son extension disciplinaire la plus large (linguistique, littérature, théâtre, religion, sciences, histoire et historiographie, politique...). C'est un resserrement de la focale qui est désormais proposé, pour se consacrer à l'étude de la physiologie galénique et de son articulation avec la pathologie et la thérapeutique humorales.

Galien et ses disciples ont dominé de leur haute autorité la pensée médicale pendant près de quinze siècles. Cette longévité est attribuée généralement à deux facteurs essentiels :

  • l'ampleur et la cohérence d'une théorie englobant l'ensemble des domaines des sciences de la vie et son adéquation avec l'expérience et la pratique des médecins d'une part ;
  • l'absence de théorie alternative de nature à entraîner l'adhésion de la majorité du monde savant, de l'autre.

Cette théorie a cependant été rejetée selon des modalités qui cadrent mal avec les schémas traditionnels de la révolution scientifique. Mise à mal de nombreuses manières, la physiologie galénique ne pouvait être remise en cause complètement qu'avec l'émergence de nouvelles pratiques (méthode expérimentale, observation microscopique, évaluation quantitative des phénomènes vitaux...) et l'édification de nouvelles théories scientifiques (chimie, électricité..). C'est donc par pans successifs que l'édifice s'est écroulé entre le XVIe et le XIXe siècle, sans qu'il soit véritablement possible d'identifier un moment de rupture aussi décisif que ceux qui ont marqué, par exemple, la naissance de l'astronomie ou de la chimie modernes.

D'un autre côté, la pratique médicale, depuis les théories pathologiques qui la guident dans l'établissement des diagnostics et des pronostics jusqu'à ses prescriptions thérapeutiques, semblent rester indifférente à ces attaques successives. En dépit de sa faible efficience, dénoncée par certains, acceptée par fatalisme par la plupart, elle conserve une autorité très importante dans la vie intellectuelle et ne sera bouleversée qu'après la révolution pasteurienne de la seconde moitié du XIXe siècle.

À partir de ces constats, la problématique que se propose d'explorer le groupe de travail, se situe à la charnière de deux questionnements :

  • Comment expliquer que le paradigme humoral occupe une place nodale dans la pathologie et la thérapeutique alors qu'il apparaît comme secondaire dans la physiologie ancienne (en regard de celui des facultés, du rôle de l'esprit vital et de la chaleur innée ou de la théorie de l'écoulement des fluides corporels à l'intérieur des trois systèmes : veineux, artériel et nerveux) ?
  • Est-ce donc la cohésion profonde entre physiologie galénique, pathologie et thérapeutique humorales qui explique la résistance du galénisme aux nombreux assauts qu'il a subis ou, hypothèse contraire, est-ce cette distance théorique séparant ces deux sous-ensembles de la pensée médicale ancienne ?

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