Axe 6- ELH, Espaces modernes et contemporains (responsables : Jean-Yves Laurichesse, Patrick Marot, Sylvie Vignes)

La notion d’espace, autour de laquelle se sont organisées les recherches de l’axe moderne et contemporain de PLH-ELH, s’entend à la fois comme espace géographique et comme espace littéraire, l’un et l’autre indissociables d’une temporalité qui est celle de la mémoire et de l’Histoire. D’où une étroite association, dans les diverses manifestations et productions, entre poétique, herméneutique et histoire littéraire, ainsi qu’une ouverture interdisciplinaire (histoire, géographie, arts visuels…).
 
Les journées d'études internationales « Revoir 14 : images malgré tout ? » (19 et 20 septembre 2014, resp. Jean-Yves Laurichesse, Philippe Maupeu et Sylvie Vignes, en collaboration avec l’unité de recherche Cultures Anglo-Saxonnes et avec le soutien du Labex SMS) ont permis, à l’occasion du Centenaire, d’étudier la manière dont les images (d’archives ou de création) contribuent à la tentative de représentation littéraire et artistique de cet « irreprésentable » par excellence qu’est la Grande Guerre. Les contributions ont été publiées dans la revue en ligne textimage (n° 9, printemps 2017). C’est aussi la manière dont le texte et l’image se saisissent à la fois d’un lieu et de son passé qu’a interrogée la journée d’étude interdisciplinaire (littérature, géographie, cinéma, théâtre) « Autour des Récits d’Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober : lieux et non-lieux de mémoire, d’errance et d’exil » (26 mars 2015, resp. Julien Roumette, en collaboration avec l’axe Mémocris du Labex SMS), analysant le travail de mémoire original accompli par l’écrivain et le cinéaste sur cette île proche de New York qui a vu passer des millions d’immigrants européens.
 
Le colloque international « États des lieux dans les récits français et francophones des années 80 à nos jours » (18-20 mars 2015, resp. Jean-Yves Laurichesse et Sylvie Vignes), dont les Actes sont parus chez Classiques Garnier en janvier 2019, a mis en lumière le renouvellement de la problématique spatiale dans la littérature contemporaine : lieux anciens revisités ou nouveaux lieux de l’hypermodernité, mais aussi invention de nouvelles manières d’écrire les lieux. Cette recherche de géographie littéraire a été complétée par des interventions plus ponctuelles : communications de Jean-Yves Laurichesse et de deux doctorants (Laura Laborie et Théo Soula) dans le séminaire de l’ED ALLPH@ « Lieux mineurs : dispositifs esthétiques et enjeux politiques » (2e semestre 2016, resp. Corinne Maury) ; prise en charge d’une séance du séminaire « In Situ » (organisé par le Centre Interdisciplinaire d’¬Études urbaines du LISST et le Laboratoire de Recherche en Architecture de l’ENSA) sur le thème « Villes réelles, villes réinventées » (18 mai 2017), avec des communications de Muriel Rosemberg (MCF de géographie à l’Université de Picardie), Jean-Yves Laurichesse et Théo Soula ; conférence de Jean-Yves Laurichesse dans le cadre des Cafés géographiques de Toulouse (« Claude Simon : géographie de la mémoire », 25 janvier 2017 ; « Le sud imaginaire de Giono: une géographie littéraire », 28 mars 2018).  
 
La réflexion sur l’articulation littérature/image s’est quant à elle poursuivie avec la Journée d’étude « Claude Simon : images fixes, images en mouvement » (10 juin 2017, resp. Jean-Yves Laurichesse et Bérénice Bonhomme, en partenariat avec l’équipe de recherche LARA-SEPIA et l’Association des Lecteurs de Claude Simon), qui a permis d’étudier la place de la photographie et du cinéma dans l’œuvre d’un écrivain dont on sait l’extraordinaire mémoire visuelle et la puissance d’image de l’écriture. Le colloque « Stase d’écrit, stase d’écran. Poétique du suspens narratif » (18-20 octobre 2018, en collaboration avec l’axe 7 « Esthétique et herméneutique du film », resp. Philippe Ragel et Sylvie Vignes) a eu pour objet, dans la littérature et le cinéma, ces moments de distension narrative par lesquels passivité, inactivité ou inaction, repos, pause ou détournement de l’action principale, constituent autant de schèmes pour nous affranchir du mouvement téléologique du drame.
 
D’autres actions ont porté sur des questions de poétique. Le séminaire « Avatars de la “situation narrative” dans les récits français et francophones des années 80 à nos jours » (2015-2016, resp. Sylvie Vignes) s’est intéressé en particulier à une tendance dominante aujourd’hui qui consiste à confier la position focale, voire la narration, à ceux qui, par nature ou de façon conjoncturelle, ne peuvent y voir clair, ou dont la perception des choses et des événements est de quelque façon déformante. Le colloque international « Frontières et limites de la littérature fantastique » (20-22 mai 2015, resp. Patrick Marot) entendait recaractériser les interactions et les échanges entre des registres usuellement tenus pour étanches (fantastique, étrange, merveilleux, féérie, science-fiction), repenser les contextes culturels où la notion pouvait apparaître pertinente (de l’Antiquité à l’époque contemporaine), et aborder des genres généralement exclus de la réflexion sur cette thématique (poésie, théâtre). Une publication chez Classiques Garnier est prévue en 2019. 
 
Complémentaire d’autres actions de l’équipe ELH allant dans le sens d’une relecture de l’histoire littéraire, le séminaire pluridisciplinaire, associant littéraires et historiens, « Le deuil de la résistance dans la littérature d’après 1945 » (2017-2018, resp. Julien Roumette), s’est attaché à réenvisager une période critique que l’on réduit trop souvent à des oppositions caricaturales, alors qu’elle est en réalité bien plus complexe et mouvante, dans l’ombre portée de la Seconde Guerre mondiale, suscitant des œuvres originales qui méritent d’être redécouvertes.
 
Enfin, le séminaire « Poéthiques » (en collaboration avec l’unité de recherche Cultures Anglo-Saxonnes, resp. Nathalie Cochoy et Jean-Yves Laurichesse), en associant grands conférenciers et jeunes chercheurs, a continué à explorer la manière dont les écrivains et les artistes, loin d’être enfermés dans les textes et les images qu’ils créent, inventent à travers eux des manières de vivre et d’habiter le monde : « Géographies littéraires » (Michel Collot, 31 mars 2014), « La vérité en image » (Laurent Jenny, 13 octobre 2014), « Styles de vie » (Marielle Macé, 27 novembre 2015), « Lieux communs » (Bruce Bégout, 8 février 2016), « Les métamorphoses de la fiction » (Jacques Rancière, 11 mars 2016), « Habiter en poète » (Jean-Claude Pinson, 24 mars 2017), « Paysages sonores » (François Noudelmann, 28 avril 2017), « Dire, dériver, déambuler » (Régine Robin, 23 mars 2018), « Vers un retour du baroque ? » (Christine Buci-Glucksmann, 12 avril 2019). Ces conférences ont été mises en ligne sur Canal-U.