Thèse de CAZALAS Sébastien

"Viriliter age », Éloquence, éthique et politique dans la France des Valois : les épitres de Jean Juvénal des Ursins (1388-1473)

Publié le 23 août 2018 Mis à jour le 23 août 2018

dir. Florence Bouchet Soutenue le 6 décembre 2016

Résumé
Spectateur meurtri par les événements dramatiques de son temps, les atrocités insupportables, la guerre franco-anglaise, la désorganisation et l’état de déréliction morale du royaume, Jean Juvénal des Ursins (1388-1473) entreprend un long dialogue avec le roi et avec la France. Fort de son éminente et double autorité d’évêque et de juriste, ses discours et écrits politiques constituent une tentative d’avertir Charles VII, puis Louis XI, des carences et des erreurs de leur gouvernement. Au-delà du commentaire de l’actualité du temps ou de l’histoire des relations entre les rois de France et d’Angleterre, c’est un puissant engagement moral qui s’affirme, enraciné dans une conception claire du monde et des devoirs du prince. Pour pousser celui-ci à l’action et le convaincre de la nécessité d’une reformation du royaume, le propos s’organise pour gagner en efficacité argumentative et en force de persuasion. La parénèse suppose le recours aux citations d’autorité mais passe également par l’écriture allégorique et les dispositifs fictionnels. Ceux-ci accueillent une grande variété de traditions appartenant à la littérature, à l’éloquence, ou à des formes d’écriture savante (épopée, motif courtois, apologue animalier, prophétie, généalogie et plaidoyer, etc.). Le souci d’une mise en scène des mœurs oratoires y est particulièrement remarquable : l’évêque se présente, inséparable de sa famille, de diverses manières, afin de lester son autorité de l’ethos du prophète ou de travailler à l’affirmation d’une nouvelle noblesse, héritière de la vieille chevalerie féodale, les gens de robe, les juristes rompus au droit romain et les agents du roi. La présente étude se propose d’attirer l’attention sur cet écrivain de talent, trop longtemps négligé par la critique littéraire. Il s’agit de lui rendre sa place parmi les écrivains politiques qui s’affirment de plus en plus dans le contexte tardo-médiéval. Après une étude des usages particuliers que Jean Juvénal des Ursins propose de l’épître (sources, travail de la citation et de la langue), seront envisagées tour à tour la construction éthique et la réflexion économique puis enfin l’articulation entre la pensée politique et sa mise en fiction.

Jury :
Florence Bouchet, professeur de littérature médiévale à l’Université Toulouse – Jean Jaurès, directrice de thèse
M. Joël Blanchard, professeur émérite de littérature médiévale (Université du Maine, rapporteur)
Mme Élisabeth Gaucher-Rémond, professeur de littérature médiévale (Université de Nantes, rapporteur)
M. Daniel Lacroix, professeur de littérature médiévale (Université Toulouse – Jean Jaurès, président du jury )
M. Bernard Ribémont, professeur de littérature médiévale (Université d’Orléans)