Thèse de Félicien MAFFRE-MAVIEL

De Dionysos à Pan : le sublime gracquien ou la « magie désintéressée »

Publié le 15 novembre 2021 Mis à jour le 15 novembre 2021
Le sublime, en tant que notion esthétique, éthique et phénoménologique, n’a été appliqué à l’œuvre fictionnelle de Julien Gracq que de façon périphérique. Sa convocation critique renseigne pourtant à plus d’un titre sur la poétique de l’auteur, permettant de dégager selon des aspects nouveaux différentes problématiques. Le prisme du sublime participe à l’identification de la fiction gracquienne comme d’un objet potentiellement aporétique, danger caractéristique de l’écriture de l’auteur du Rivage des Syrtes d’après Maurice Blanchot. En effet, la poétique de Gracq s’inscrit dans « l’attente magnifique » d’une extase : le sublime s’élabore alors dans l’interstice d’une attente tournée vers une révélation évidée, espace de la limite transgressée. Ce premier sublime tient d’une esthétique dionysiaque, dans le sillage de Nietzsche et parallèlement à George Bataille. Il faudrait distinguer par ailleurs un second pôle de poétique du sublime impliqué par une modalité nouvelle d’être-au-monde – que conceptualise l’image gracquienne de la « plante humaine » – expérience cosmique incarnée par la figure de Pan, d’une tradition remontant au moins à la Naturphilosophie de Novalis. Le détachement progressif d’avec la fiction chez Julien Gracq correspond à la faillite de ces deux poétiques du sublime : ces apories marquent jusqu’à l’abandon des Terres du Couchant.

Directeur de thèse :
<font color="#F1C40F">Patrick Marot</font>