Conférence de François Noudelmann, "Pour une écoute des bruits de la pensée"

dans le cadre du séminaire Poéthiques (CAS/PLH-ELH).
Présentation par Jean-Yves Laurichesse




« La pensée fait du bruit, pas seulement parce qu'elle parle, mais aussi en raison des éléments sonores qui la composent. La voix, le ton, l'accent, l'intensité, le volume sont constitutifs de l'exposition des idées, trop souvent oubliés derrière l'énoncé. Or une pensée doit s'écouter, comme le suggérait Nietzsche qui se vantait d'avoir les meilleures oreilles de la philosophie ». Dans cette conférence, François Noudelmann propose de définir et de pratiquer une "écoute seconde" sensible à la dimension sonore des discours théoriques -davantage qu'à leur signification- qui donne accès à l'élaboration de la pensée. Pour cela, il convient de porter attention aux bruits, aux cris, aux silences, à l'accent, à l'accentuation, aux souffles, chuchotements, grincements, claquements... porter attention à la "voix pensive", aux diverses voix d'un même penseur. En prenant appui sur des textes ou des enregistrements sonores de philosophes (Hegel, Schopenhauer, Nietzsche, Derrida, Deleuze, Sartre, Barthes, Jankélévitch...), François Noudelmann suggère de résister à "une surdité volontaire" et de s'intéresser aux milieux sonores qui composent les textes et qui modifient le cours de la pensée. « Au lieu de chercher une stylistique de la voix propre, l'écoute des caractéristiques vocales mises en jeu dans l'énonciation orale donne à entendre des registres sonores et donc différentes relations du parleur aux idées qu'il expose ». François Noudelmann propose une « lecture acousmatique  des textes qui vise à entendre ses substrats sonores dont les vibrations sont soit à l'origine soit à l'issue des mots et des phrases ».